Rodrigo Duterte, qui a tenu le jeudi dernier un discours devant le palais présidentiel, s'est vu critiquer par une personne anonyme pour sa manière de gérer le pays. Or, le Président philippin a démenti ces assertions… à sa façon, relate The Guardian.
«J'ai demandé à l'armée [d'agir], quelle est ma faute? Ai-je volé même un peso? (…) Mon seul péché, ce sont les exécutions extrajudiciaires», a-t-il ainsi lancé.
M.Duterte avait d'ailleurs déjà évoqué l'existence d'exécutions extrajudiciaires, mais avait toujours nié qu'elles aient été commanditées par l'État. Toujours est-il que cette apparente «reconnaissance» de son rôle dans certains décès pourrait donner plus de poids à l'enquête préliminaire menée par la Cour pénale internationale (CPI) sur les milliers d'exécutions extrajudiciaires qui auraient été perpétrées dans le cadre de la guerre contre la drogue dans le pays.
En mars, la CPI a confirmé qu'elle enquêtait sur les allégations selon lesquelles Duterte avait commis des crimes contre l'humanité lors de sa brutale croisade contre la drogue, à la fois en tant que maire de Davao et ensuite en tant que Président. En réponse, le Président avait annoncé qu'il retirait les Philippines du Statut de Rome, qui confère à la CPI la compétence nécessaire pour enquêter sur le pays.
Selon des statistiques officielles, 4.500 personnes, principalement des petits trafiquants de drogue et des toxicomanes, ont été tuées par la police dans des opérations antidrogue qualifiées de «légitimes» depuis que Rodrigo Duterte est devenu Président. Cependant, le rapport de 77 pages soumis à la CPI affirme que le nombre de morts aurait été supérieur à 8.000. Certains groupes de défense des droits de l'Homme insistent sur le fait que leur nombre atteint 12.000 personnes.