Quelle est la probabilité d'une grande crise d'ici 2020? Eléments de réponse.
Dix ans après: l'heure du bilan
Il y a dix ans, la faillite de la plus grande banque d'investissement du monde, Lehman Brothers, avait provoqué une crise mondiale qui avait débouché sur une longue récession. Depuis, les experts financiers du monde entier conçoivent différents modèles pour tenter de prédire les délais et évaluer l'ampleur de la prochaine crise mondiale, ainsi que déterminer la durée du cycle de répétition de tels événements dans l'économie.
Les analystes de la banque rappellent que pendant la crise mondiale de 2007-2008, l'indice boursier S&P 500 avait chuté de 54% par rapport à son pic.
Le prochain effondrement de la bourse ne devrait pas être d'une telle ampleur parce que le prix des actifs dans les pays émergents est aujourd'hui bien plus bas qu'en 2008.
Les investisseurs passifs et la crise de liquidité
Comme l'explique le stratège en investissements de JPMorgan Chase Marko Kolanovic, les troubles sur le marché boursier surviendront à cause de l'abondance de fonds d'indices, boursiers ou autres contrôlés passivement, ainsi que des stratégies commerciales informatiques. Étant donné que les investisseurs actifs manquent, il n'y aura personne pour acheter même les actions ayant significativement fléchi.
«Les événements de marché qui ont commencé en 2008 ont conduit à une sérieuse perturbation de la liquidité, ce qui pourrait être la principale particularité de la prochaine crise», précisent les analystes de la banque.
«La réduction de la liquidité du marché, couplée à la hausse des investissements passifs, affaiblit la capacité du marché à prévenir les fléchissements importants en cas d'augmentation de la volatilité», indiquent les auteurs du rapport.
Ces derniers inscrivent également sur la liste des risques le changement de structure du marché des crédits immobiliers aux USA: la part des prêts immobiliers non bancaires a augmenté jusqu'à 80% du marché (moins de 20% avant la crise). Les créanciers non bancaires sont généralement moins capitalisés que les banques, et il n'y a pas de mécanisme clair pour déterminer qui pourrait accorder des services non bancaires si ces créanciers disparaissaient.
La hausse des taux d'intérêt et les guerres commerciales
Alors à quand la «fin du monde»? Selon Marko Kolanovic, la probabilité d'une crise au second semestre 2019 est relativement faible. Sa dynamique d'évolution sera en grande partie déterminée par le rythme de la hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed). Quant à la guerre commerciale contre la Chine, «elle pourrait aussi bien accélérer que retarder la crise», estime l'expert.
La situation actuelle, d'après les analystes de la banque, rappelle fortement celle d'il y a vingt ans, quand les investisseurs avaient abandonné activement les obligations risquées des économies émergentes.
La Bank of America considère la politique protectionniste de Washington comme une autre menace significative pour la stabilité économique mondiale. Les guerres commerciales infligent un préjudice colossal au commerce international en affectant les prix et l'accessibilité des produits dans les chaînes de livraison, ce qui affecte fortement l'économie mondiale.
«Au final, les restrictions déboucheront sur l'augmentation des prix pour les consommateurs et compliqueront l'accès des producteurs au marché dans les pays émergents, ce qui exercera une pression supplémentaire sur la sécurité alimentaire», constate l'IFPRI.
Enfin, le célèbre économiste et banquier d'investissement américain James Rickards note également que l'ascension actuelle active de l'économie des USA et des pays européens pourrait tourner à un crash boursier grandiose, comme celui qui a eu lieu en 1929. Une longue récession serait alors inévitable dans le monde entier.
Les troubles sociaux
Selon Marko Kolanovic, internet et les réseaux sociaux, où se forment différents groupes, contribuent à cette évolution, tandis que les événements politiques comme les élections aux USA et le Brexit ne font que jeter de l'huile sur le feu.
Les analystes indiquent que si les banques centrales parvenaient à prévenir une forte baisse de la valeur des actifs, alors la situation pourrait ne pas être aussi dramatique. Sinon, une dépression, des émeutes et d'autres «changements bien plus destructeurs» nous attendent.