Plan Santé, il manque «100.000 personnes dans les hôpitaux et 200.000 dans les Ehpad»

© AFP 2024 Stephane de SakutinEhpad
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Emmanuel Macron a présenté mardi la réforme «Ma santé 2022», censée renforcer l’offre de soins «pour les 50 années à venir». Fin du numerus clausus, création de postes d’assistants médicaux, envoi de médecin dans les déserts médicaux... Des mesures qui ne touchent pas directement l’hôpital, où la grogne monte. Une réforme hors-sujet?

Au départ, cela devait être un «plan hôpital», mais finalement, c'est une réforme globale du système de santé qu'Emmanuel Macron a présenté ce mardi 18 septembre à l'Élysée. Mais plutôt que de répondre directement aux problèmes des hôpitaux, dont la colère se fait de plus en plus sentir, l'offre de soins devrait être rééquilibrée par la médecine de ville.

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Attendue en juin, reportée en septembre, la réforme du système de santé a un petit goût de dernière chance: entre 1975 et 2008, pas moins de 23 plans de réforme du système de santé ont été mis en œuvre. «Je veux que le système de santé soit l'un des piliers de notre État-providence du XXIe. siècle […] Nous devons le restructurer pour les cinquante ans à venir», a déclaré le Président à l'occasion de la présentation de son plan «Ma santé 2022» et de ses 54 mesures.

Mais quels sont les effets immédiats pour les services d'urgence saturés et le manque de personnel dans les hôpitaux, dont les difficultés ces dernières années ont créé des tensions, engendré des drames, et inspiré des appels à l'aide sous toutes les formes possibles?

«Le rendez-vous, il n'est pas pour aujourd'hui, mais dans 10 ou 15 ans. Ce sont des jalons qu'on met pour dans 50 ans, mais aujourd'hui il n'y a rien», déplore Alain Bruneel, député PCF du Nord, instigateur du «Tour de France des Hôpitaux». Le plan hôpital est «laissé pour compte», «il n'y a pas de réponse.»

Le gouvernement fait de la proximité une priorité. Afin de répondre au manque d'accès aux soins dans les déserts médicaux et de désengorger les urgences, plusieurs mesures ont été annoncées, comme la réouverture d'hôpitaux ou la transformation de petits hôpitaux «pour y mettre un service d'urgence, un scanner, un laboratoire de biologie», explique Olivier Véran, député LREM de l'Isère, sur BFMTV, afin de servir de «plateforme technique d'appui pour les médecins trop isolés et qui, jusqu'ici, envoyaient leurs malades à 80 bornes engorger les services d'urgence des gros hôpitaux. C'est efficace immédiatement.»

Le constat de la saturation des hôpitaux et de leurs services d'urgences est en effet alarmant:

«Vous avez 30 ou 40% des malades qui vont aux urgences de leur hôpital, parce qu'ils ne trouvent pas de médecin, et ce n'est pas forcément la nuit! La plupart du temps, c'est la journée»,

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«évitera de vous retrouver le bec dans l'eau et de devoir aller aux urgences où vous allez être le patient de plus, de trop, dans le couloir, ce qui permet in fine aux urgences de traiter les malades qui ont vraiment besoin d'un service d'urgence et de pointe.»

Pourtant, Alain Bruneel ne décolère pas: «Ça ne touche pas directement l'hôpital. […] Mme Buzyn est obnubilée par la bobologie. Il ne faut pas que les gens qui ont des petits bobos viennent engorger des urgences, donc on va ouvrir des urgences de jour…. je ne suis pas sûr de l'efficacité», tempête-t-il.

La création de 400 postes de médecins généralistes salariés pour 2019 et de 4.000 postes d'assistants médicaux, prévus pour 2022, qui sont sensés libérer entre 15 et 20% du temps du médecin, ne résoudront pas le problème des hôpitaux estime, le député:

«La réalité est toute autre: les médecins sont déjà tous installés, les regroupements existent déjà. Est-ce qu'il ne faudra pas orienter les 4.000 assistants dans les hôpitaux publics?»

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Si le nombre de médecins en activité en France n'a jamais été aussi élevé, «le nombre de médecins généralistes a baissé de 15% en 15 ans», et il est «difficile d'accéder aux spécialistes», a déclaré le chef de l'État. La suppression du numerus clausus paraissait donc indispensable, mais ne donnera ses premiers résultats que dans 10 ans, le temps de former de nouveaux médecins.

«On dit que la deuxième année il y aura des partiels. Bien. Troisième aussi, et après on fait une sélection. Mais qu'est-ce qu'on met derrière ce mot? On ne sait pas quel est le contenu, par rapport à ça. Mais ça nous renvoie quand même à dans dix ans, et le Président le dit lui-même», estime, sceptique, M. Bruneel.

en attendant, pour le député, il manque toujours «100.000 personnes dans les hôpitaux et 200.000 dans les Ehpad». 

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