Macron reçoit les chasseurs… au grand dam de Hulot?

© AFP 2024 Ludovic MarinNicolas Hulot
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Le chef de l’État reçoit ce 27 août les chasseurs, en compagnie du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, et de son secrétaire d’État, Sébastien Lecornu. Il souhaite redéfinir les rapports entre chasseurs, agriculteurs et écologistes, à travers une réforme: un projet qui hérisse le poil des écolos.

Sur la chasse aussi, Nicolas Hulot devra-t-il avaler les couleuvres des arbitrages d'Emmanuel Macron? Connu pour ne pas vraiment porter dans son cœur les porteurs de fusil, il les reçoit pourtant ce lundi 27 août pour parler réforme de la chasse.

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Le hic, c'est que c'est son secrétaire d'État, Sébastien Lecornu qui a préparé le terrain avec un rapport qu'il a remis au Président de la République, à sa demande, en juin dernier. Un rapport qui faisait suite à la première reunion entre chasseurs et gouvernement en février pour aborder la grande réforme de la chasse et de la ruralité voulue par Macron.

Si l'exécutif affiche une unité de façade autour d'un texte «équilibré», ce n'est pas exactement l'avis des premiers concernés. Pour la première fois depuis des années, un Président «brosse les chasseurs dans le sens du poil», se réjouissait Alexandre Vergnes, président du parti Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), lors la publication de l'interview de M. Lecornu, dans Le Figaro, le 31 mai dernier.

Ce dernier y détaillait les grandes lignes de la réforme: une baisse du prix du permis national, une meilleure gestion des espèces, une meilleure indemnisation des dégâts de gibier et un gonflement des effectifs de la police de l'environnement.

Tout cela au nom de la défense de la nature… précisément la raison pour laquelle les écologistes sont opposés au projet. En effet, alors que chacun se voit comme un défenseur de la nature, rien ne semble pouvoir réconcilier écolo et chasseurs… Pour ces derniers, à l'exemple de Willy Schraen, président de la FNC (Fédération nationale des chasseurs), la chasse est «un formidable atout pour la biodiversité et le développement des territoires».

«Nous, chasseurs, nous sommes des partenaires indispensables de l'environnement, de la biodiversité», appuie M. Vergnes, qui milite pour cette réforme «depuis 1989».

La chasse, «c'est pour réguler les espèces», se défend-il. Une idée qui avait fait sourire Marc Giraud porte-parole de l'ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), alors que Sputnik l'interrogeait en juin: «scientifiquement, ça ne tient pas debout».

«La régulation, ils ne parlent que de ça. En oubliant que la nature se débrouille très bien toute seule […] L'homme, c'est plutôt le problème que la solution.»

Au-delà de l'aspect régulation, c'est aussi la pratique de la chasse comme loisir qui pose problème. Marc Giraud pointe du doigt des «aberrations» juridiques, qui facilitent l'abattage de certaines espèces: «un faisan d'élevage, comme il est en élevage, il est considéré comme domestique, donc sensible. Quand on le lâche pour la chasse, il n'est plus sensible»… et peut donc être tué.

«Un tiers des oiseaux chassables en France sont en très mauvais état de reproduction, poursuit-il: il y a les pesticides, la disparition de l'habitat, et la chasse». Une situation qui a amené Nicolas Hulot à lancer, en août, une concertation sur les quotas de chasse de certaines espèces, comme l'alouette des champs, le merle noir et la grive.

«Tout ce qui est alouette des champs, il y en a —50% en 17 ans. La perdrix grise, c'est —90% […] Les canards chassables sont protégés dans presque tous les pays, sauf en France.»

L'opération séduction du gouvernement Macron ne dupe pas le CPNT qui, même s'il se félicite des avancées du gouvernement, reste prudent:

«Aucun ministre, même sous la droite, n'avait été favorable à la chasse. Nous avions eu un ministre opposé à la chasse […] le CPNT va rester vigilant à ce que ce ne soient pas juste des annonces pour faire joli», commente M. Vergnes.

Pour le Marc Giraud, «naturaliste de terrain», «c'est électoraliste, mais ce n'est même pas un bon calcul». Selon lui, «les politiques sont influencés par les lobbyistes de la chasse».

«Il y a un million de chasseurs et deux millions de végétariens», poursuit-il. «La société a largement évolué du côté de la protection et de la sensibilité plutôt que du côté de la destruction et de l'exploitation.»

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