L’Europe ouvre la voie à des sanctions contre Budapest après un «simulacre de procès»

© REUTERS / Laszlo BaloghLe premier ministre hongrois Viktor Orban
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Le Parlement européen a voté en faveur d’une procédure de sanctions contre la Hongrie de Viktor Orban, en s’appuyant sur un rapport qualifié «d’insulte» à la Hongrie par le chef d’État magyar, qui estime être sanctionné à cause de sa politique migratoire. Retour sur des débats houleux à Strasbourg.

C'est la rentrée au Parlement européen et l'année commence fort! Réunis en plénière à Strasbourg, les députés ont approuvé le 12 septembre une recommandation au Conseil européen en vue de déclencher la procédure de sanctions européenne à l'encontre de Budapest. Une possible sanction qui fait suite au rapport de l'eurodéputée Judith Sargentini, lequel pointe du doigt un risque de violation de l'État de Droit par l'exécutif de Viktor Orban.

«Vous voulez prendre une décision morale sur la base de votre majorité numérique», a dénoncé le président hongrois.

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Et il n'avait pas complètement tort. Par 448 voix pour, 197 contre et 48 abstentions, le Parlement européen a choisi d'ouvrir la voie à un recours à l'article 7 du Traité sur l'Union européenne. Ce «bouton nucléaire» est censé priver un État de ses «droits découlant de l'application des traités, y compris le droit de vote» dans les institutions. Sauf que, même si le Parlement a choisi de recommander l'application de l'article 7, celui-ci doit être validé à l'unanimité par le Conseil européen et celle-ci est donc hautement improbable.

M. Orban, qui était présent lors du débat à la veille du vote, n'a pas hésité à remettre en cause le rapport remis aux eurodéputés pour qu'ils prennent une décision.

«Le rapport insulte la Hongrie et l'honneur de la nation hongroise. Ce rapport utilise des doubles standards, abuse de son autorité et va au-delà de ses prérogatives. Sa méthodologie, son approbation violent les traités», a déclaré le Président hongrois devant les parlementaires réunis à Strasbourg.

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Accusé de limiter la liberté de parole, la liberté de la presse et la liberté de la science, mais aussi de freiner la lutte contre la corruption ou encore de ne pas respecter l'État de Droit, Viktor Orban a estimé qu'il ne s'agissait que de prétextes:

«La Hongrie va être condamnée parce que les Hongrois ont décidé que ce pays ne deviendrait pas un pays de migrants.»

Signe du clivage existant au Parlement européen, le chef d'État hongrois a subi des attaques parfois très violentes de ses adversaires politiques. Guy Verhofstadt, qui s'exprimait en qualité de chef du groupe des libéraux démocrates, l'a par exemple accusé d'œuvrer à la «déstabilisation du projet européen»:

«M. Orban est le siège de ce parlement qui va finir par détruire le projet européen. S'il vous plaît, arrêtez ce cauchemar!»

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Le (potentiel) futur allié de Macron s'est ensuite fendu d'une attaque beaucoup plus basse et plus personnelle, même s'il a insisté sur le fait que ce n'étaient «pas [ses] mots»:

«Je n'irais pas aussi loin que McCain, qui vous a défini devant le Sénat américain comme "un néo-fasciste qui couche avec Poutine".»

Malgré ces attaques, quelques eurodéputés ont tenu à exprimer leur soutien la position du chef d'État hongrois, reflétant alors le clivage entre ceux qui estiment que Viktor Orban est «à la tête du gouvernement le plus corrompu d'Europe» et ceux pour qui les «réponses de la Hongrie n'ont pas été prises en compte», à l'instar du polonais Ryszard Antoni Legutko, qui a par ailleurs dénoncé un «spectacle contre-productif».
Même constat du côté du partisan du Brexit, Nigel Farage, qui a déclaré dans un élan oratoire:

«Dieu merci vous êtes là! […] Vous êtes là pour assister à un simulacre de procès où une poignée de non-entités politiques se lève, hurle et pointe du doigt.»

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Simulacre de procès ou non, peu importe que l'initiative soit d'avance vouée à l'échec à cause de l'unanimité requise au Conseil européen pour activer l'article 7, Viktor Orban a été clair:

«Quelle que soit votre décision, la Hongrie ne cédera pas au chantage. La Hongrie protégera ses frontières, arrêtera l'immigration illégale et défendra ses droits. Si nécessaire, nous nous opposerons à vous également», a-t-il proféré à l'attention des eurodéputés.

Une menace à prendre d'autant plus au sérieux que le Parti populaire européen (PPE), auquel appartient le parti de Viktor Orban, est menacé d'un éclatement qui pourrait impliquer le rapprochement d'Orban et de Matteo Salvini. Ce dernier ambitionne de créer en Europe une «ligue des ligues» en vue des Européennes de mai 2019.

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