De France en Afrique, d'Afrique en Russie: le long chemin de ces descendants d'huguenots

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Venus explorer les possibilités de coopération en Russie, ces représentants de la minorité Boer, Léon François Du Toit et son fils Johannes, font part au micro de Sputnik de l'Histoire de leur peuple, de leurs racines françaises et surtout de ce qui les fait quitter l'Afrique du Sud pour le sol russe.

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Alors que les autorités sud-africaines ont décidé de soutenir les initiatives d'expropriation des terres sans indemnisation, les minorités blanches Boer et Afrikaner du pays ont eu besoin d'aide. Si certains agriculteurs se battent pour conserver leurs terres, d'autres envisagent de s'installer à l'étranger dans des pays voisins ou même dans des pays éloignés comme la Russie.

Descendants d'huguenots et représentants des Boers, le pasteur Léon François Du Toit et son fils Johannes viennent d'arriver en Russie pour renforcer les partenariats existants et en établir d'autres. Sputnik s'est précipité à leur encontre.

Pourquoi avaient-ils décidé de quitter la France pour l'Afrique du Sud?

Le pasteur et leader spirituel connu en Afrique du Sud Léon a raconté leur histoire dès le début. «À l'époque, au 17e siècle en France il n'était pas possible de continuer d'y vivre. Après la révocation de l'édit de Nantes, la famille Du Toit, les frères Du Toit ont fui la France en passant par les Pays-Bas pour l'Afrique en 1686. Et comme la question aujourd'hui est quelle réalité nous avons en Afrique du Sud après 330 ans de présence de notre peuple qui est devenu Afrikaner, Boers, nous voyons que nous ne nous sentons plus les bienvenus dans notre propre pays».

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À l'heure actuelle, il peut constater que les descendants d'huguenots ont une certaine importance dans la société sud-africaine d'aujourd'hui:

«Nous n'avons plus la langue française parce qu'à l'époque Le Cap était hollandais et il n'y avait pas vraiment la liberté de pratiquer la langue française, ni le culte, ni l'éducation française, en fait ça devait être qu'en hollandais. On a perdu la langue française dès la deuxième génération.

Surtout à cause du fait que les réfugiés huguenots, les hommes, ont pris des femmes qui étaient hollandaises, donc les enfants qui naissaient parlaient déjà en hollandais qui avec les siècles est donc devenu la langue la plus jeune dans le monde, la langue afrikaans», explique le pasteur.

© Sputnik . Denis BolotskiLéon François Du Toit (à droite) et Johannes Du Toit (à gauche)
Léon François Du Toit (à droite) et Johannes Du Toit (à gauche)  - Sputnik Afrique
Léon François Du Toit (à droite) et Johannes Du Toit (à gauche)

Vers des «possibilités» en Russie?

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Après avoir vécu pendant près de 300 ans sur le continent africain, Léon et son fils se sont déterminés à chercher de plus grandes possibilités ailleurs. Mais qu'est-ce qui les pousse à quitter l'Afrique et qu'est-ce qui attire leur intérêt dans un pays lointain et froid comme la Russie?

Dans l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, la situation est «assez critique», pointe Léon, le peuple a besoin de stabilité, ne sait pas ce qui va se passer dans l'avenir. En outre, il y a «de vraies attaques sur la vie, la santé des Afrikaners».

Par conséquent, nombreux sont ceux qui ont fui, «partis pour l'Australie, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande. Et ce n'est pas que les agriculteurs mais ce sont aussi les gens qualifiés: les médecins, différentes industries. Ils sont même invités par les autres pays à cause de leur statut, de leur éducation, de leurs connaissances, de leur spécialisation».

«20% ont déjà immigré»

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La volonté de quitter l'Afrique du Sud existe déjà depuis longtemps chez ces minorités. Le but du voyage des Du Toit à Moscou est notamment de «cibler les possibilités économiques pour les Afrikaners, notre minorité ethnique, qui est aujourd'hui en Afrique du Sud un peuple de quelque trois à quatre millions, on peut dire quatre millions».

Presque un million de Blancs sud-africains ont déjà immigré. Donc, statistiquement parlant, «20% ont déjà immigré, c'est assez important», soulignent les Du Toit, ajoutant que de plus en plus de personnes cherchent à l'étranger des possibilités d'investir.

Or, en Russie, ces descendants d'huguenots ont appris que ce processus était assez lent. Johannes pointe du doigt le label Akkor sur sa chemise, symbole de leur union-partenaire des agriculteurs russes.

France: «un autre paradigme»

En Afrique du Sud et en Afrique en général, il y a beaucoup de dynamiques différentes «que nous n'avons pas en France, en Europe de l'Est, en Europe de l'Ouest, en Russie, en Asie», explique Johannes.

«La France aujourd'hui c'est un pays avec un autre paradigme, une autre idéologie aussi au niveau de la politique, plutôt un peu plus socialiste», indique-t-il. «En France, c'est très incorporé, c'est très difficile de lancer des entreprises, de trouver le financement, de s'intégrer parce qu'il y a une autre mentalité. Il y a quand même des problèmes avec l'immigration en Europe de l'Ouest qui a laissé un goût amère dans les bouches de beaucoup de Français».

Quant au peuple russe, il y voit une nation qui revient à ses racines chrétiennes — tandis que le christianisme fait aussi partie du paradigme et de l'identité des Afrikaners. «Donc aujourd'hui s'il y a déjà une cinquantaine de familles qui sont prêtes à venir, il faut quand même commencer à se préparer», met-il en valeur soulignant qu'ils ne sont pourtant pas là avec des objectifs politiques.

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«[Il faut se préparer]pas que [à accueillir] les gens qui veulent arriver, mais aussi à comprendre quelles sont les possibilités légales, financières, familiales, éducatives, pour les enfants, les écoles, l'intégration, l'adaptation», poursuit Johannes, qui a lui-même une femme originaire de Sibérie et une fille ayant la citoyenneté russe.

Bien que cette intégration puisse prendre «trois générations ou même plus», ensuite on pourra dire aux autres que c'est possible, dit-il, plein d'enthousiasme.

Les régions d'intérêt en Russie

Le pasteur, qui a été en Russie pour la première fois il y a 12 ans, estime que les deux pays ont un «potentiel agricole incroyable»: «Je pense que pour les Sud-Africains qui viennent ici, cela aidera aussi à comprendre le potentiel et à le développer. Ce sera une bénédiction, cela va enrichir la Russie».

«Nous sommes venus à la recherche de régions qui intéressent ceux qui, comme moi, pensent qu'il est préférable de déménager sans famille dans un endroit où nous pouvons nous préparer pour les générations futures. Et c'est en partie la raison pour laquelle nous explorons la région de Moscou et le sud de la Russie, nous sommes amenés dans différentes zones où nous pouvons examiner nos options», affirme Léon.

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Et son fils ajoute de son côté: «Il s'agit donc d'une mission de reconnaissance visant à déterminer le potentiel des partenariats économiques pour pouvoir travailler dans le contexte des BRICS. Comme il existe une raison pour laquelle il existe un régime sans visa entre l'Afrique du Sud et la Russie, il faut que cela se produise. Pour que nous puissions commencer à voyager librement et avoir des conversations, ne pas venir et essayer de réfléchir politiquement, mais venir et être pratique et commencer à construire des relations pour pouvoir dire: Hey, il y a du potentiel ici, il y a un futur. C'est de l'amitié dont il s'agit».

Le pasteur avoue lui avoir un «amour immense» pour la Russie et pour les Russes parce qu'il y avait «tellement de liens entre nos peuples dans le caractère, l'état d'esprit, entre les Russes et les Afrikaners, les africanophones», comme il a pu remarquer lorsqu'il y est venu pour la première fois, à Saint-Pétersbourg.

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