Des Sud-Africains ont été accueillis par Vladimir Polouboïarenko, assistant de l'ombudsman de la région russe de Stavropol. Dans une interview exclusive à la chaîne RT, ce dernier explique ce qui pousse les Boers à chercher des terrains loin de leur patrie et pourquoi Stavropol se réjouirait d'accueillir des fermiers étrangers.
- Début juillet, le territoire de Stavropol a été visité par une délégation de Boers d'Afrique du Sud. Ces derniers cherchent la possibilité de créer des fermes dans d'autres pays. Et l'une des options à l'étude est précisément celle de Stavropol. Combien de personnes sont venues, combien de temps sont-elles restées, qui les a accueillies dans votre région et comment?
— La délégation se composait d'une famille: un père avec son fils et sa fille Slebus. Le père et le fils sont des docteurs ès science, et la fille est enseignante. Ils sont restés trois jours et demi sur le territoire de Stavropol et en Karatchaïévo-Tcherkessie.
Le docteur Slebus a dit sa surprise de voir comment des événements très similaires avaient pu se dérouler sur des continents complètement différents, à des dizaines de milliers de kilomètres. Et à quel point les destins des peuples étaient semblables.
Une rencontre a été organisée avec toutes les diasporas ethniques du territoire de Stavropol. L'échange, qui s'est déroulé dans une atmosphère de confiance, a été très chaleureux et substantiel. Tous les leaders des diasporas les ont invités à vivre dans la région de Stavropol et ont promis leur aide pour s'installer.
- Quelles représentants administratifs et officiels ont rencontré les Boers?
— En tant qu'assistant de l'ombudsman dans le territoire de Stavropol, membre du Conseil public de la ville de Stavropol et chevalier de la médaille «Défenseur de la Russie libre», je les ai invités pour une visite privée. Mais le gouverneur du territoire de Stavropol, le gouvernement du territoire de Krasnodar, le chef de l'administration de la ville de Stavropol, ainsi que le président de la Karatchaïévo-Tcherkessie ont été, évidemment, préalablement informés de cette visite.
Nous nous sommes sérieusement occupés de la sécurité de leur séjour. Ils ont rencontré des fermiers, des personnalités publiques et des associations. A l'heure actuelle, selon mes informations, la région est prête à accueillir entre 30 et 50 familles pionnières sur le territoire de Stavropol.
J'ai déjà été contacté par des fermiers de la région de Rostov et du territoire de Krasnodar qui sont prêts à recevoir chez eux les Sud-Africains. Parce que nous avons des terres, du matériel, mais personne pour travailler.
Des questions existentielles se sont également posées. Par exemple, 30 ou 50 familles viendront, avec parents et enfants. Et seules des familles entières viendront: il n'y aura pas de Boers solitaires, hommes ou femmes. Ces conditions ont été fixées par les Boers eux-mêmes. Ils se construiront eux-mêmes des maternelles, une école et un hôpital. Ils ont des enseignants, des médecins, etc. Ils amèneront toutes les affaires avec eux et vivront de manière regroupée. Ils construiront une église protestante si les autorités n'y voient pas d'objection.
Ils ont également visité la Karatchaïévo-Tcherkessie. Ils ont demandé de leur montrer la crête principale du Caucase. Nous sommes montés à Dombaï au point culminant. Les Boers étaient en admiration devant la nature du territoire de Krasnodar et de la Karatchaïévo-Tcherkessie, notamment Dombaï. Ils se roulaient dans la neige comme des enfants. Ils n'avaient jamais vu la neige. La dernière fois que la neige est tombée en Afrique du Sud remonte à 1963, paraît-il.
- Vous avez été contacté pour établir le contact ici, en Russie. Pourquoi vous ont-ils choisi?
— La réponse est très simple. Ils m'ont envoyé une première lettre après avoir vu un reportage en novembre dernier sur l'accueil chaleureux par la région de Stavropol de la famille nombreuse Martens, originaire d'Allemagne, qui était opposée aux cours d'éducation sexuelle dans leur pays. Ils ont dix enfants. Ils en attendent un onzième dans quelques jours.
Les Boers ont vu ce documentaire en Afrique du Sud et ont demandé si je pouvais aider à organiser des négociations avec les autorités, contacter le gouvernement russe concernant leur besoin. De très nombreux Boers rêvent de déménager en Russie pour y établir leur résidence permanente.
- Qu'est-ce qui les pousse à rechercher une nouvelle terre, pourquoi veulent-ils partir?
— Les Boers sont 4 millions aujourd'hui, soit 8% de la population sud-africaine. Avec l'arrivée des nouvelles autorités, ils ont commencé à être sérieusement opprimés. Ils sont souvent tués avec cruauté sans aucun but, de piller ou de voler quelque chose. Ils sont contraints de dormir avec des armes. 3.000 personnes ont demandé et ont obtenu le statut de réfugié en Australie. Certains partent dans d'autres pays.
Mais une certaine partie — 15.000 personnes, selon eux — souhaite venir précisément en Russie. J'ai demandé: «Pourquoi la Russie?» Ils ont répondu très simplement: «C'est seulement en Russie que nos valeurs familiales seront préservées.»
Ce sont des croyants qui pensent que la morale et l'éthique chrétienne sont préservées en Russie. Ils voient un grand avenir dans le maintien des valeurs chrétiennes traditionnelles.
C'est pour cette raison qu'ils voudraient s'installer dans le sud de la Russie. Ils perçoivent la Russie comme une arche, comme Pétra, comme un îlot de sécurité, si je comprends bien.
- Que pense l'Afrique du Sud de l'initiative des Boers-afrikaners?
— Cela provoque une très brusque protestation. Ces processus se déroulent depuis 10-12 ans, au moins. La dernière loi signée par leur président et adoptée par le gouvernement stipule que les terrains et les propriétés des Boers seront saisis, qu'il y aura une expropriation des terres. Il est devenu très difficile pour eux de gagner de l'argent et de faire des affaires.
Le gouvernement a décidé que chaque entreprise, chaque homme d'affaires devait embaucher ses collaborateurs proportionnellement à leur représentation ethnique au sein de la population. Autrement dit, dans chaque société ou exploitation agricole doivent travailler pas plus de 8% de Blancs, de Boers. Sur 100 personnes, 92 sont des cadres peu qualifiés, et seulement 8 sont des cadres qualifiés. Cela devient économiquement non rentable simplement parce qu'ils commencent à travailler à perte.
- Vous avez dit que le kraï de Stavropol était prêt à accueillir entre 30 et 50 familles. Quelle aide est-on prêt à leur accorder?
— Ma première question, quand nous avons commencé à dialoguer, était: «Qu'attendez-vous de la Russie et qu'espérez-vous?» Ils ont clairement répondu: «Nous n'avons pas besoin de quoi que ce soit de matériel de la Russie. Nous demandons le statut de réfugié, une autorisation de séjour provisoire, et ensuite, dans le cadre de la législation russe, nous recevrons la citoyenneté dans cinq ans. Nous demandons de nous accorder la possibilité de louer à long terme des terres pendant 49 ans ou de les acheter. Nous n'avons pas besoin de ressources financières ou autres. Nous sommes des gens aisés, chaque famille viendra avec au moins 500.000 dollars. Donnez-nous seulement un endroit pour le faire, pour installer nos maisons. Nous construirons tout. Nous vivrons en communauté en préservant notre culture, notre langue et notre ordre.»
- Les Boers veulent vivre en communauté, s'installer localement. Et à terme, vous dites, ils seront jusqu'à 15.000 personnes. Quelle est la superficie nécessaire pour une colonie communautaire? Y a-t-il du terrain libre pour l'installation d'autant de personnes? Combien d'hectares cela représente?
— Un de nos députés m'a téléphoné récemment pour faire une proposition. Il y a quelques années, des Cosaques d'Anastasie voulaient déménager d'Asie centrale dans le territoire de Stavropol. Ils vivent également en communauté. Et, s'avère-t-il, un village a déjà été planifié pour eux à 30 km de Stavropol. A ce que je sache, il y a 260 ha de terrain pour l'usage agricole et le pâturage. Il sera possible de le louer ou de le vendre. Cela dépendra de l'entente avec le propriétaire — ce sont des relations commerciales et monétaires, les hommes d'affaires trouveront rapidement un terrain d'entente.
Un magnifique village, avec un immense réservoir d'eau artificiel à proximité. C'est-à-dire un projet déjà prêt pour 500 foyers, même pas 50 — il n'y a rien besoin de plus.
Les Boers y voient la renaissance de la diplomatie populaire. Ils m'ont même qualifié de «premier diplomate populaire de la nouvelle Russie». Les Boers — pardonnez-moi le terme peu diplomatique — ne sont pas bêtes. Les gens ayant de l'argent peuvent aller où ils veulent. Mais ils choisissent la Russie. Et cela suscite des échos exaltés. Et il est évident que certains n'en parleront pas pour ne pas dire du bien de la Russie.
- Comment sera réglé le problème de la barrière linguistique? Après tout, les Boers auront de toute façon besoin d'une socialisation, même en cas d'installation locale. Or, chez nous, la plupart des habitants ne parlent pas anglais. Que comptent-ils faire à ce sujet?
— Cette question a été posée plusieurs fois, notamment pendant les rencontres. Elle est réglée de facto. Est-ce que leurs spécialistes femmes diplômées pourront enseigner l'anglais dans nos établissements scolaires? La réponse est claire: elles auront du travail. De plus, il y aura un retour. Ils apprendront l'anglais à nos enfants, et nous apprendrons le russe à leurs enfants. Et les Boers ont dit: «Nous voulons devenir Russes en Russie. Nous voulons sentir, en Russie, que c'est notre patrie.»
- Quels seront les avantages, pour la région, de l'apparition de cette communauté?
— Ce sont des spécialistes en agriculture, des bosseurs, de véritables cultivateurs et éleveurs. C'est une bonne expérience et un échange d'expérience avec nos fermiers.
- A l'issue du séjour, il était prévu de transmettre un message-mémorandum au président russe. A-t-il été rédigé? Si oui, quel est son contenu? Et a-t-il été transmis?
— Ils sont venus avec un texte déjà prêt pour les autorités russes. Et ils ont apporté deux lettres d'associations de Boers. Des organisations sérieuses — avec 50.000 membres pour l'association des Boers-fermiers. Ils m'ont demandé de transmettre ce mémorandum à Vladimir Vladimirov, au gouvernement du territoire de Stavropol, pour la transmettre ensuite au président russe.
Son sens est le suivant: «La Russie a toujours été avec les Boers, la Russie a toujours aidé les Boers dans leur guerre contre l'Angleterre au début du XXe siècle.» Honnêtement, j'avoue que je l'ignorais: que la Russie n'aidait pas seulement avec de l'argent, mais également que des volontaires se sont battus aux côtés des Boers dans cette guerre contre l'Angleterre. C'est un message digne, religieux et cordial. J'en ai notifié le gouverneur. Le gouverneur est au courant de tous les événements en cours.
- Quelles actions sont prévues prochainement?
— A la fin de leur séjour, ils ont invité le gouverneur du territoire de Stavropol et le chef de l'administration municipale à se rendre en Afrique du Sud, dans leur province, pour une visite amicale. Je compte réunir un congrès de leaders des Boers. Des déclarations officielles pourraient même être faites. Je partirai en Afrique du Sud, je poursuivrai les négociations, cette fois sur le plan technique, pour déterminer comment ils viendraient, par quels groupes, quels documents seront nécessaires, quelles démarches devront être entreprises pour l'obtention du titre de séjour, de la citoyenneté, etc.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.