Il se peut que l'Italie ait dû insister sur une approche unique de l'Union européenne concernant la Libye, mais les Français ne l'ont pas attendue, a constaté le président de la Chambre de commerce italo-libyenne Gianfranco Damiano dans un entretien accordé à Sputnik.
«Il est inutile de nier que l'influence de la France [en Libye, ndlr] s'étend de plus en plus à cause justement de notre départ de ces territoires, et les résultats en sont évidents», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que dans le sud de la Libye, l'Italie avait un marché d'écoulement potentiel de quelque 250 millions de personnes.
«Nous traversons cependant une période épouvantable depuis 2011. Nos compagnies qui opèrent depuis longtemps en Libye se sont retrouvées dans une situation critique, la dette des entreprises libyennes envers celles d'Italie s'élevant à 600 millions d'euros», a poursuivi l'Italien.
Selon ce dernier, pour stabiliser la situation en Libye, pour que les jeunes n'y prennent pas les armes, il faut leur donner du travail, créer des emplois.
«Par ailleurs, la Russie et les États-Unis doivent coopérer plus étroitement à la recherche de solutions susceptibles de stabiliser la situation dans ce pays. Sans la Russie et sans les États-Unis, cela serait impossible», a résumé l'interlocuteur de Sputnik.
Sept années après la mort de Mouammar Kadhafi, la Libye souffre d'un cadre étatique en ruine et de divisions entre administrations rivales. L'est du pays mais aussi la capitale Tripoli sont régulièrement le théâtre d'affrontements entre groupes armés. Les combats entre les deux parties se sont embrasés depuis fin août et ont déjà fait, au total, une quarantaine de morts et plus de 100 blessés.
Samedi, l'hôtel Al Waddan se trouvant tout près de l'ambassade italienne à Tripoli a été attaqué au mortier. Un obus a fait trois blessés. La mission de l'Onu à Tripoli, en proie depuis une semaine à des combats meurtriers, a annoncé mardi dernier la fin des hostilités et un accord arraché aux factions armées.
La Libye patauge dans l'instabilité politique et sécuritaire depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en 2011, chassé du pouvoir par une insurrection soutenue par une coalition militaire internationale. Depuis, le pays est partagé en deux centres de pouvoir. À l'est, à Tobrouk, siège le parlement élu par la population locale. À l'ouest, dans la capitale Tripoli, se trouve le gouvernement d'entente nationale dirigé par Fayez el-Sarraj, formé avec le soutien de l'Onu et de l'Europe. Les autorités de l'est agissent indépendamment de Tripoli et coopèrent avec l'Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar, qui mène une guerre d'usure contre les djihadistes.