Québec: l’ALENA s’invite dans la campagne électorale

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La campagne électorale est bien entamée au Québec. Comme prévu, on parle surtout de santé, de création d’emplois et d’éducation. Mais coup de tonnerre! L’Accord de libre-échange nord-américain s’invite parmi les discussions. Un dossier normalement réservé au gouvernement fédéral.

L'histoire remonte à l'élection du président Donald Trump en novembre 2016. Bien avant sa victoire, ce dernier avait promis de revoir les accords économiques conclus entre les États-Unis et d'autres pays. Le slogan du candidat républicain, America First, illustrait déjà sa position protectionniste.

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Une rupture dans les accords commerciaux?
L'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) était en tête de liste pour le président américain. Il y a un an, en août 2017, Trump écrivait sur Twitter que l'ALENA était «le pire accord jamais conclu». Une déclaration qui avait secoué les milieux politiques et économiques, ici au Canada.

Et puis, les relations entre le Canada et les États-Unis se sont dégradées à nouveau lorsque Washington a annoncé, en mai dernier, qu'il allait imposer une taxe sur l'acier et l'aluminium en provenance du Canada. C'était une autre mauvaise nouvelle pour l'économie canadienne.

Washington-Ottawa: des relations économiques qui se dégradent

L'administration Trump avait invoqué la sécurité nationale pour justifier cette décision. Une orientation qui a été fortement décriée par le Canada, la France et d'autres partenaires des États-Unis. En présence d'Emmanuel Macron à la veille du G7 en début juin, Trudeau avait déclaré à Ottawa que

«Ce sont des propos risibles que le Canada, la France, les Européens puissent représenter une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, car nous sommes les meilleurs alliés que les États-Unis ont eus depuis longtemps».

Depuis, les États-Unis se sont entendus avec le Mexique du nouveau président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador. Un autre coup dur pour le Canada. De fait, une entente bilatérale a été conclue entre Washington et Mexico. Un accord économique qui exclut le Canada par sa nature.

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Isolés, les Canadiens doivent maintenant négocier leur propre accord avec un Donald Trump qui ne semble pas beaucoup apprécier leur Premier ministre, Justin Trudeau… Il faut dire que les deux hommes ne partagent ni le style ni les idées. Que ce soit sur le plan économique ou idéologique.

Jusqu'à ce jour, la Ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, n'a toujours pas réussi à conclure quoi que ce soit avec son homologue américain. Pire encore, Trump vient d'annoncer qu'il entendait maintenir une ligne dure dans ses négociations avec le Canada. Au cœur du litige: le fameux système de la gestion de l'offre.

La gestion de l'offre, une mesure protectionniste au cœur du litige

La gestion de l'offre consiste essentiellement à favoriser les producteurs de lait, de poulet et d'œufs du Canada. Il s'agit d'une mesure protectionniste: en limitant les importations américaines dans ce secteur, le Canada protège des producteurs qui, autrement, seraient trop menacés par la concurrence. À terme, des producteurs canadiens de lait, de poulet et d'œufs pourraient même disparaitre avec le libre-échange.

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Malgré ses propres penchants protectionnistes, Trump s'oppose vigoureusement au maintien de la gestion de l'offre chez son voisin d'en haut. Pour le moment, la Ministre Freeland n'a pas cédé sur cette question, mais ce n'est pas impossible qu'elle le fasse.

Le Québec avertit toutefois le gouvernement fédéral: il tient mordicus à la gestion de l'offre, ce qui s'explique par le nombre important de ces producteurs dans la province. Même le Premier ministre Philippe Couillard, un ardent fédéraliste, s'est dit prêt à défendre coûte que coûte son point de vue auprès d'Ottawa.
Le Premier ministre sortant s'est écarté de son programme pour prendre position sur le sujet en pleine campagne électorale. Jeudi dernier, Philippe Couillard a même dû interrompre sa tournée des régions afin de participer à une téléconférence avec le Premier ministre Trudeau.

Protectionnisme contre protectionnisme, Québec contre Canada

La situation est jugée si préoccupante que les chefs des principaux partis dans la course ont accepté de faire front commun, vendredi, afin de défendre les intérêts économiques du Québec. Les partis politiques sont unanimes: les Québécois tiennent à la survie de leurs producteurs, d'autant plus qu'ils voudraient consommer des produits locaux.

La population du Québec, en majorité, est opposée à une concession sur la gestion de l'offre. S'il y en a qui pensent qu'ils peuvent passer à travers le Québec, j'insiste juste pour dire que, oui, ils tiennent le crayon, mais il y aura des conséquences politiques sérieuses à poser un geste semblable », a déclaré le Premier ministre sortant en conférence de presse.

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Pour le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, il était essentiel que les quatre partis fassent une trêve afin d'envoyer un message clair et unanime aux négociateurs américains et canadiens. «Nous montrons une nécessaire unité de tous les partis […] pour dire que nous sommes inconditionnellement avec nos agriculteurs», a affirmé M. Lisée.

Ce rebondissement dans la campagne électorale québécoise survient quelque temps après l'annonce de la création d'un nouveau parti fédéral de droite. Récemment, le député Maxime Bernier a vivement critiqué le multiculturalisme sur les réseaux sociaux, ce qui lui a valu d'être désavoué par son chef, Andrew Scheer. M. Bernier a annoncé par la suite qu'il quittait le Parti conservateur et allait fonder son propre parti.

Maxime Bernier est l'un des principaux détracteurs de la gestion de l'offre au Canada. En mai 2017, il était passé très proche de devenir le chef du Parti conservateur du Canada. Lors d'une entrevue accordée récemment à Sputnik, le député a confirmé qu'il souhaitait toujours abolir cette mesure protectionniste. Selon lui, ce système nuit au contraire à l'économie canadienne…et québécoise.

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