«La transition écologique n'est ni une promenade de santé ni un supplément d'âme pour politiciens sans imagination. Emmanuel Macron aurait tort de mésestimer le symbole que représente cette démission-surprise.»
Elles expliquent également que le Président «devra faire sien l'aphorisme de Pierre Mendès-France, "gouverner, c'est choisir".» En effet, selon elles, la politique du «en même temps» en matière d'écologie n'est pas tenable. Sputnik a interrogé François Veillerette, président de l'ONG Générations futures, l'une des ONG signataires de la tribune.
Sputnik France: Nicolas Hulot a été contraint de reculer sur des thématiques très importantes comme le nucléaire, la loi transition énergétique ou encore le glyphosate, sa démission est-elle réellement si étonnante?
La manière dont il l'a fait était plus surprenante, mais surprenante dans le bon sens pour nous, c'est-à-dire qu'il a été extrêmement sincère, direct et explicatif sur les raisons de son départ, avec un jugement assez sévère sur l'action du gouvernement et du chef de l'État sur les questions écologiques.
Comment expliquez-vous que Nicolas Hulot n'ait pas réussi à influer sur la politique du gouvernement? Les lobbies ont-ils eu raison de lui?
Avec cette tribune, vous appelez à un passage à l'action, à un changement de cap du gouvernement sur les questions environnementales, mais n'est-ce pas un vœu pieux, étant donnée l'orientation politique du gouvernement?
François Veillerette: Nous n'avons pas le pouvoir. Les ONG ne peuvent évidemment que demander des choses. C'est vrai que les premiers mois, la première année de l'exercice de cette nouvelle majorité ne nous rendent pas très optimistes sur leur capacité à changer complètement, radicalement, leur politique environnementale.
Néanmoins, c'est également notre travail de rappeler la responsabilité de l'État face à ces crises majeures qui ont des impacts non seulement sur la biodiversité, mais aussi sur la santé publique et in fine sur l'économie. Quand vous avez un climat hors de contrôle, quand vous avez des problèmes de santé avec des maladies chroniques qui explosent, vous avez aussi un impact en termes d'économie. C'est notre responsabilité de rappeler cela. Après, on verra si on a du succès ou pas. Personnellement, je ne crois pas aux miracles et le fait que Nicolas Hulot n'y soit pas arrivé pendant un an donne des chances assez minces, mais le gouvernement devra répondre de son inaction s'il continue dans cette voie. C'est en ce sens que l'on pose cette tribune.
«On appelle à l'action et si par malheur notre appel n'était pas entendu, la responsabilité sera bien du côté du gouvernement.»
Selon vous, est-il possible de protéger l'environnement et «en même temps» mener une politique capitaliste?
On reste optimiste et on continue de croire que l'on peut, dans une économie de marché, mettre en place des règles du jeu si on veut avoir une chance que nos civilisations continuent à se développer. Si on laisse, effectivement, aux acteurs économiques les clés de la maison, c'est le capitalisme sauvage qui gouvernera et on sait ce qu'il se passe dans ce cas-là. Il n'y a qu'à regarder du côté des États-Unis, où l'on a un gouvernement qui s'assoit sur tous les problèmes environnementaux de manière extrême et contribue à accélérer la catastrophe en cours. J'espère que la France ne se rangera pas dans ce camp-là et va revenir à la nécessité d'entendre l'intérêt général plutôt que la somme des intérêts particuliers.
Les autres signataires de la tribune: Fondation pour la nature et l'homme, Agir pour l'environnement, France nature environnement, Les amis de la terre, Réseau sortir du nucléaire, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire, Association pour la protection des animaux sauvages, Virages énergies et la Société nationale de protection de la nature.