Le désir de l'Allemagne de réévaluer ses relations avec les États-Unis peut s'expliquer par le fait que Berlin veut poursuivre sa propre politique dans le dossier du programme nucléaire iranien et celui des relations avec la Russie, estime Vladislav Belov, vice-directeur de l'Institut de l'Europe de l'Académie russe des sciences, interrogé par Sputnik.
«[Heiko] Maas se préoccupe du dossier iranien et du retrait américain du Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien […] et, deuxièmement, de Nord Stream 2. Il est évident que les États-Unis, en conformité avec la loi du 2 août 2017 [date d'adoption du Countering America's Adversaries Through Sanctions Act qui a permis la mise en place de sanctions contre la Corée du Nord, l'Iran et la Russie, ndlr], peuvent adopter des sanctions qui auront des répercussions graves lésant les intérêts de l'UE», a-t-il expliqué.
«Sur ce plan, Heiko Maas a raison. Les États-Unis franchissent certaines lignes rouges sans consulter son partenaire principal, l'UE», a-t-il ajouté.
L'expert russe estime que Washington est trop préoccupé par la sécurité énergétique européenne. D'après lui, si Berlin poursuit une politique étrangère plus indépendante, cela contribuera à ses relations avec Moscou, notamment en matière de livraisons des hydrocarbures.
«Je pense que le contexte [des relations avec la Russie] est plus constructif. L'Allemagne fait part de l'inquiétude de l'UE pour sa sécurité énergétique et concernant le fait que les États-Unis s'en préoccupent trop […] L'Europe doit définir elle-même sa sécurité énergétique et d'où acheter des hydrocarbures», a-t-il souligné.
«Il s'agit encore une fois de l'augmentation de la responsabilité de l'UE pour l'ordre mondial eteuropéen […] L'UE doit assumer plus de responsabilités quant à ce qui se passe dans le monde», a-t-il résumé.
Dans le même temps, l'expert russe précise que l'Allemagne reste fidèle aux principes fondamentaux du partenariat transatlantique.
«L'Otan n'est pas remise en cause, les principes fondamentaux étant les mêmes […] Néanmoins, l'UE et l'Allemagne, en tant l'un des principaux membres de l'UE, se réservent le droit de définir les paramètres de leur comportement face aux États-Unis», conclut-il.
Samedi le ministre allemand des Affaires étrangères avait déclaré en s'exprimant devant les ambassadeurs allemands qu'il était «grand temps de réévaluer le partenariat transatlantique de manière raisonnable, critique et même autocritique». M.Maas avait également indiqué que les sanctions imposées par Washington à ses partenaires économiques européens pousseraient Bruxelles et l'Europe à réagir.