Israël se rejoindra-t-il à l’«Otan arabe» contre l’Iran?

© Sputnik . Kristina Afanasieva / Accéder à la base multimédiaDrapeau d'Israël à Jérusalem
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La création d’une «Otan arabe» avec la participation notamment d’Israël, des États-Unis et de l’Arabie saoudite, serait-elle irréaliste ou, bien au contraire, possible? Dans un entretien à Sputnik des politologues russe et israélien évoquent d’éventuelles conséquences de ce scénario et scrutent à la loupe la situation actuelle au Proche-Orient.

Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël rejoindra l'«Otan arabe» si Téhéran essaye de bloquer le détroit de Bab-el-Mandeb dans la mer Rouge. Dans une interview accordée à Sputnik, des politologues russe et israélien expliquent si la formation d'une «Otan arabe» regroupant Israël et les pays arabes du Proche-Orient peut être réelle et sous quelles conditions Israël y participera.

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Benjamin Netanyahu évoque le défi que doit relever Israël

Boris Dolgov, du Centre des études arabes et islamiques de l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie, qualifie la participation d'Israël à l'«Otan arabe» d'«irréaliste», puisqu'une partie des pays sunnites avec l'Arabie saoudite en tête n'acceptera pas Israël:

«Dans le monde musulman, elle [l'alliance] peut être perçue très négativement. […] Il est peu probable que ces pays, surtout l'Égypte, soient d'accord pour qu'Israël y prenne part. Le plus probable est que cette déclaration d'Israël est propagandiste. Pourtant, Israël envisage peut-être d'agir avec ces pays contre l'Iran».

Et de poursuivre que les pays arabes ne peuvent accepter la participation d'Israël à cette éventuelle alliance que sous une condition particulière, à savoir la résolution de la question palestinienne. Cependant, selon l'expert, il y a peu de chances qu'Israël y consente:

«Le problème palestinien est une pierre d'achoppement entre Israël et le monde arabe. L'Égypte se range strictement du côté des Palestiniens. Un grand nombre de Palestiniens et d'organisations palestiniennes en Jordanie protesteront contre une telle solution au problème.»

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La frappe d’Israël contre des sites dans la bande de Gaza (vidéo)

L'avis de Simon Tsipis, de l'Institut d'étude de la sécurité national (INSS) de Tel Aviv, à cet égard est complètement différent. D'après lui, l'alliance contre l'Iran est bien réelle, puisque Israël, les États-Unis et l'Arabie saoudite ont un intérêt commun, qui est l'opposition à l'Iran:

«Au tout début de sa présidence, Donald Trump s'est rendu en Arabie saoudite montrant ainsi au monde entier que sa politique serait concentrée sur la partie sunnite du monde musulman, avec à sa tête l'Arabie saoudite, et sera dirigée contre le monde chiite, avec à sa tête l'Iran.»

Et de poursuivre:

«L'Égypte et la Jordanie ont des accords de paix avec Israël. La soi-disant «paix froide» existe entre ces pays. La participation de ces États à la même coalition est possible. Cette perspective est absolument réelle».

D'après Tsipis, dans ce cas-là, le problème palestinien passera au second plan cédant sa place à la coalition de l'«Otan arabe»:

«Les minorités politiques en Jordanie et en Égypte peuvent s'opposer à cette alliance, mais elles ne constituent pas une menace pour la sécurité nationale de l'Égypte ou de la Jordanie.»

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L’Égypte favorable à une «Otan arabe» mais contre une confrontation avec la Syrie

En ce qui concerne les conditions d'entrée d'Israël dans l'éventuelle alliance, le politologue israélien estime qu'il est probable que les pays arabes n'en posent pas, sauf une seule:

«Israël pourra se voir poser une condition, liée au règlement du conflit israélo-palestinien. On exigera de lui d'arrêter d'attaquer les Palestiniens habitant, notamment, dans la bande de Gaza. […] Les pays arabes membres de l'éventuelle alliance exigeront de lever le blocus terrestre et naval de la bande de Gaza, d'ouvrir les points de contrôle où passent les cargaisons humanitaires en direction de l'enclave fermés par Israël en réponse aux tirs de roquettes.»

Le politologue israélien conclut qu'Israël acceptera ces conditions pour une série de raisons: cela renforcera son prestige aux yeux de plusieurs pays du monde musulman et résoudra la question la plus sensible pour Israël, l'Iran:

«Si l'Iran n'est pas écrasé, il sera affaibli du point de vue militaire. Ainsi, Israël voudra faire relâcher son emprise à l'Iran en Syrie et dans la bande de Gaza.»

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