Le renoncement des États-Unis à leur accord sur les livraisons des chasseurs F-35 à Ankara peut avoir des répercussions graves sur la fabrication de ces avions, estime Erdogan Karakus, lieutenant-général des forces aériennes turques à la retraite, interrogé par Sputnik.
«Ce projet représente un partenariat de plus de dix ans. En Turquie, 8 à 10 entreprises s'occupent de la fabrication de pièces pour les F-35, dont certaines importantes. La violation de cet accord aura des conséquences graves, non seulement pour la Turquie mais aussi pour les États-Unis», a-t-il précisé.
«D'autres pays auront des doutes concernant la fiabilité d'un tel accord», a-t-il souligné.
Selon lui, la Turquie peut trouver des alternatives aux chasseurs américains.
«Dans la situation où il n'y a plus aucun espoir de préserver cet accord important avec les États-Unis dans le domaine de l'industrie de défense, la Turquie se réorientera [vers d'autres partenaires]. L'une des alternatives est le rapprochement avec la Russie», a-t-il déclaré, soulignant qu'Ankara entendait également entamer la fabrication de ses propres avions militaires.
Le porte-parole du Président turc Ibrahim Kalin a déclaré le 31 juillet qu'Ankara prendrait des mesures juridiques si les autorités américaines s'opposaient à la livraison de chasseurs F-35 à la Turquie.
Selon The Washington Post, le Congrès américain a adopté le 25 juillet un amendement à la dernière version du budget de la défense pour 2019, qui gèle les livraisons de chasseurs F-35 à la Turquie en raison de l'intention de ce pays d'acheter des systèmes de défense antiaérienne russes S-400.
La Turquie, deuxième armée de l'Otan par ses effectifs, et la Russie ont signé en décembre 2017 un accord sur les livraisons de S-400 pour quelque 2,5 milliards d'euros. Ce contrat prévoit l'achat par Ankara de deux batteries de systèmes S-400. Les deux pays se sont également entendus sur une coopération technique qui permettra à la Turquie de produire des missiles sol-air sur son territoire.