Depuis la chute du régime raciste d'apartheid, les relations entre la République sud-africaine et la Fédération de Russie ont toujours été cordiales. Rien d'étonnant, sachant que l'ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de la dictature néocoloniale, a été activement soutenu en son temps par l'Union soviétique. D'ailleurs, plusieurs des représentants de l'élite sud-africaine post-apartheid ont été formés dans des universités russes.
Par ailleurs, l'agence fédérale russe de l'énergie atomique (Rosatom) devrait construire une centrale nucléaire en terre sud-africaine, même si cela déplaît énormément aux concurrents occidentaux du projet et à leurs amis héritiers de l'apartheid, se trouvant aujourd'hui dans l'opposition. Secteur des mines, bourses d'études, manifestations culturelles conjointes,… Russie et RSA ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin: récemment, un nouveau volet est venu s'ajouter à cette longue liste de domaines de coopération… Assez inattendu.
Le leader sud-africain a en effet récemment annoncé qu'il comptait revenir à la question sensible qui tracasse depuis de longues années la société du pays: celle de la transmission des terres agricoles aux mains des représentants de la majorité noire. Car faut-il le rappeler, les meilleures terres agricoles de la nation arc-en-ciel restent détenues par des représentants de la minorité blanche. À la différence du Zimbabwe, de Nelson Mandela à Jacob Zumba, en passant par Thabo Mbeki, le leadership sud-africain a été vraiment très —certains diront trop- patient à ce sujet.
Si cela devait arriver, il serait bon de dire que cette décision serait amplement justifiée, sachant que nombre d'agronomes qualifiés noirs ont été formés depuis la chute de l'apartheid. Que d'autre part, il est effectivement illogique qu'une minorité issue du colonialisme puisse continuer à profiter d'un système né durant une époque d'injustice et de discrimination. Et qu'enfin, la République sud-africaine est un pays souverain, ayant droit d'adopter les mesures jugées nécessaires par ses représentants élus démocratiquement.
Moscou fait d'une pierre, deux coups: d'une part, elle maintient de très bons rapports avec le gouvernement sud-africain, élargit au maximum le portefeuille de projets conjoints, tout en contribuant d'une certaine façon au règlement d'un problème né durant une phase sombre de l'histoire d'Afrique du Sud.
D'autre part, sachant que la Russie est devenue un nouvel eldorado pour les projets dans le secteur agroalimentaire, avec l'arrivée de ces milliers de spécialistes sud-africains hautement qualifiés, elle porte un coup supplémentaire aux intérêts occidentaux. C'est désormais certain: tout retour éventuel des produits agroalimentaires européens sur le marché russe sera extrêmement difficile.
Certains sceptiques nous annonçaient de grandes difficultés pour la Russie. Une fois encore, le pays ne fait qu'en sortir renforcé.
Il y a toujours des alternatives. L'essentiel est de les saisir.
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