L'accord sur le changement de nom de la Macédoine en «Macédoine du Nord», signé par les Premiers ministres, ne prévoit des obligations que pour la seule Macédoine, alors que la Grèce ne reçoit que des droits, a déclaré à Sputnik Aleksandar Dastevski, professeur d'université à Skopje.
«Les Macédoniens jugent cet accord humiliant», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
C'est qu'en termes dudit accord, la Macédoine devra apporter des amendements à la Constitution, l'usage de son nouveau nom devant être obligatoire non seulement sur la scène internationale, mais aussi à l'intérieur même du pays.
«L'opposition macédonienne intervient contre des amendements à la Constitution. […] Il n'y a pratiquement nulle part dans le monde de pratique pareille consistant notamment à réécrire la Constitution. Je le crois impossible», a poursuivi l'universitaire.
Et de rappeler que, de leur côté, les Grecs n'admettaient absolument pas le maintien du non de Macédoine dans une nouvelle appellation de l'ancienne république yougoslave.
«Quant aux perspectives d'intégration européenne, cet accord ne donne absolument rien», a prévenu M.Dastevski.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Dusan Prorokovic, du Centre d'alternatives stratégiques de Belgrade, a estimé pour sa part que les décisions sur lesquelles insistent les États-Unis et l'Union européenne ne faisaient qu'augmenter le potentiel conflictuel dans la région.
«Sur fond de relations difficiles avec la Russie et d'une aggravation plus que possible de la tension au Proche-Orient, Washington cherche à instaurer son contrôle géostratégique total sur les territoires neutres», a-t-il expliqué.
Selon l'analyste, le meilleur moyen d'y parvenir consiste à entraîner dans l'Otan les pays qui intéressent les États-Unis.
Et de conclure qu'au nom de l'élargissement de l'Otan, les États-Unis avaient sacrifié la stabilité de la Macédoine et peut-être même de la Grèce. Ils se sont totalement concentrés sur leurs propres intérêts géopolitiques sans penser à d'éventuelles conséquences pour la sécurité régionale.
Depuis l'indépendance de la Macédoine en 1991, la Grèce s'oppose à ce que cette ancienne république yougoslave garde le nom de Macédoine, parce qu'elle a sa propre province septentrionale du même nom qui fut le berceau de l'empire d'Alexandre le Grand, un joyau du patrimoine historique grec. En outre, les Grecs estiment que les Macédoniens, en utilisant leur ancien nom, pourraient avoir des revendications sur la province grecque.
Les gouvernements grec et macédonien ont signé, dimanche 17 juin, un accord pour rebaptiser l'actuelle ex-république yougoslave en Macédoine du Nord et lever le verrou grec à l'entrée de la Macédoine dans l'Union européenne et dans l'Otan.
La Macédoine a été admise aux Nations unies en 1993 sous le nom provisoire d'Ancienne république yougoslave de Macédoine, mais plus de 140 pays, dont la Russie et les États-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de «République de Macédoine».
Skopje espère obtenir une date pour ouvrir ses pourparlers d'adhésion à l'UE lors du sommet européen fin juin et recevoir une invitation à rejoindre l'Otan à la mi-juillet.