L'annonce fait grand bruit: Athènes et Skopje, après vingt-sept années d'opposition se mettent d'accord pour un changement de nom de la Macédoine. L'«Ancienne République Yougoslave de Macédoine» pourrait donc s'appeler «République de Macédoine du Nord». Si le nom du pays est loin d'être anodin, notamment pour la Grèce et la Macédoine, la résolution de cet antagonisme pourrait entraîner quelques bouleversements régionaux. Pour autant, certains préfèrent plutôt y voir une sortie de crise. La raison? La possible adhésion de la Macédoine à l'UE et à l'OTAN.
Et si les premières impressions pourraient laisser penser que cet accord entre gouvernements permettrait, de facto, à l'OTAN et à l'UE de compter un nouveau membre, les étapes sont encore nombreuses et surtout compliquées.
Objectif premier du gouvernement de Skopje depuis le début de son mandat en mai 2017, cet accord avec Athènes est discuté depuis des mois. Pour autant, les négociations se sont intensifiées ces dernières semaines. Et si rien ne semble précipité dans cette annonce, il convient d'analyser l'accord entre les deux parties, encore très flou, avant d'imaginer que ce règlement s'inscrira dans le temps. Ce manque d'information ne permet ainsi pas de savoir si tous les objectifs fixés sont atteints.
Puis, Skopje devra s'atteler à la révision de la Constitution. Cependant, pour entériner ce changement, le gouvernement ne possède pas la majorité qualifiée nécessaire à la validation d'une nouvelle Constitution nationale.
L'accord devra ensuite passer aux mains du peuple. En effet, à l'automne prochain, il sera soumis à un référendum pour être totalement accepté en Macédoine du Nord. Et enfin, à supposer que ce processus se déroule sans anicroche, le texte sera soumis au Parlement grec. De là à ce que le peuple grec demande aussi un référendum… Le parcours législatif s'annonce donc extrêmement ardu.
Le vice-président du Parlement européen, Dimitrios Papadimoulis, résume et complète cette opposition, qui n'existe pas seulement en Macédoine et en Grèce, mais aussi en Europe:
«Kyriakos Mitsotakis, le nouveau dirigeant de Nouvelle Démocratie [parti nationaliste, d'opposition à Tsípras, ndlr], devrait finalement décider de la ligne de son parti. Est-il d'accord avec Joseph Daul [Président du PPE, ndlr] et Kóstas Karamanlís [ancien Premier ministre grec, ndlr] ou avec la fraction Viktor Orbán [Premier ministre hongrois, ndlr]- Spyrídon-Ádonis Georgiádis [ancien ministre de la Santé, parlementaire grec, ndlr]?»
Si on s'aperçoit que ces possibles adhésions trouvent un écho favorable au sein de l'UE et de l'OTAN, la critique et l'opposition du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, sont loin d'être insignifiantes. La figure de l'opposition à Bruxelles s'est récemment exprimée par vidéo en demandant sagesse et courage aux dirigeants de son parti afin de «ne pas céder à la pression des puissances étrangères».
Si la Grèce et la Macédoine sont directement visées dans les propos d'Orban, qu'en est-il de l'Allemagne et de la France, principales puissances européennes? La réaction de la Russie est aussi fortement attendue.