Original trop cher ou mode du fake, la contrefaçon a la cote!

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Véritable fléau pour les entreprises touchées et l’État, la contrefaçon, selon une étude, causerait 60 milliards d’euros de perte par an et détruirait près de 435.000 emplois. Pourtant, un sondage réalisé en France explique que 37% des Français ont acheté délibérément un produit contrefait. Retour sur ce phénomène.

60 milliards d'euros par an! C'est le montant des pertes causées par les produits contrefaits en Europe. Pis encore, ce seraient près de 435.000 emplois perdus en Europe à cause de la contrefaçon. Ce sont les conclusions du rapport de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) récemment publié. On découvre ainsi que le phénomène touche de nombreux secteurs d'activités comme la maroquinerie, les cosmétiques, l'habillement, les montres, les jouets, la musique ou les smartphones. Mais il affecte également des secteurs particulièrement sensibles, tels que l'industrie pharmaceutique ou encore les pneumatiques. Des produits qui, contrefaits, peuvent avoir des conséquences dramatiques.

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Pourtant, si la contrefaçon constitue un manque à gagner pour les entreprises et indirectement l'État par les taxes non perçues, il semblerait qu'une partie des consommateurs n'en a cure. En effet, une enquête réalisée en France par l'Union des fabricants (UNIFAB) soulève cette problématique. En effet, selon le sondage, 37% des Français de 15 ans et plus ont déjà volontairement acheté de la contrefaçon, la proportion s'élevant à 43% chez les jeunes âgés de 15 à 18 ans. Sputnik a recueilli des témoignages de personnes ayant acheté un produit contrefait. C'est le cas de Pierre*, qui s'est procuré une contrefaçon, mais à son insu. Et pour cause, il a été victime d'une arnaque sur un site Internet.

«Ça faisait des semaines que je faisais des recherches sur tous les sites de la terre pour des chaises B34 de Breuer. Du coup, je finis par les acheter. En recevant le paquet et en le déballant, je réalise qu'en fait elles étaient fausses notamment à cause des pieds qui n'étaient pas les bons.»

Encore une histoire de chaise, mais cette fois-ci elle concerne l'iconique Eames. Julie* a décidé d'en acheter une délibérément, car «je ne pourrai jamais m'en offrir une vraie.»

«Je suis une dilettante de la décoration. D'une part, je ne peux pas faire la différence entre une vraie ou fausse chaise. Et d'autre part, mes amis ne font pas attention, ils pensent simplement que c'est une très jolie chaise», explique Julie*.

Cette proximité entre le produit authentique et la contrefaçon a également poussé Sonia* à franchir le pas.

«J'ai acheté un bracelet Cartier qui est trop beau. L'imitation est parfaite, je le porte tous les jours et il ne m'a coûté que 100 euros, en plus, tout le monde croit que c'est un vrai.»

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Pour Sophie* qui déclare avoir acheté «plein de faux», pour elle, «quand une grande marque de luxe va fabriquer son sac à main au Vietnam, acheter un produit qui sort lui aussi de ces mêmes lignes de production, à l'exception des matériaux, justifie en partie l'achat.»

Pour d'autres personnes comme Marie*, l'achat de contrefaçon est un art de vivre et s'inscrit dans une «nouvelle tendance vestimentaire».

«C'est beaucoup plus cool d'être pauvre, mais "stylé" dans une version bas de gamme. C'est un peu un détournement et d'appropriation de style. C'est vouloir copier les "riches" avec des produits qui font vraiment faux. L'exemple ultime, c'est la paire de babouches Louis Vuitton.»

Et d'ajouter,

«De plus, ça demande beaucoup de recherche, notamment en écumant les marchés pour trouver la perle rare. En bref, ça demande du temps et du mauvais goût.»

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Malgré le fait que les consommateurs jugent que l'achat de contrefaçon s'avère être dangereux à 78% (normes de sécurité non respectées, dangereux pour la santé), ils considèrent également cela facile (75%). L'enquête d'Unifab révèle que certains sondés ressentent un sentiment d'impunité, du fait du très faible risque de se faire prendre. En effet, sur les 37% qui ont acheté une contrefaçon, seuls 6% ont subi un contrôle (aéroport, marchés, etc.) qui a donné lieu à une confiscation du produit et une amende. La loi prévoit dans le cas d'achat de produit contrefait des risques de poursuites et sanctions pénales pouvant aller jusqu'à 3 ans de prison et 300.000 euros d'amende.

Comment faire pour endiguer ce phénomène? Une baisse des prix. Selon l'enquête, 91% des personnes interrogées déclarent que si les produits authentiques étaient moins chers, elles renonceraient à l'achat de contrefaçon.

Le sondage a été réalisé en ligne du 11 au 17 avril derniers par l'IFOP auprès d'un échantillon national représentatif de 1.001 personnes âgées de 15 ans et plus.

*Les prénoms ont été modifiés.

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