Prenant la parole à la réunion du Conseil européen des relations internationales qui se tient annuellement à Paris, le milliardaire et activiste politique George Soros a affirmé que le monde avançait à grands pas vers une nouvelle crise financière majeure, que «tout ce qui avait pu mal tourner a mal tourné» et que la situation ne ferait qu'empirer.
Bien qu'il ne figure pas parmi les admirateurs de la littérature russe, George Soros a essayé de répondre à la question posée il y a plus de 150 ans par le philosophe et écrivain russe Alexandre Herzen dans sa célèbre œuvre «À qui la faute?». Le milliardaire a proposé sa propre formule pour remédier aux maux et a clairement désigné le coupable de tous les problèmes et malheurs: Donald Trump en personne. Donald Trump qui a ruiné l'union transatlantique entre les États-Unis et l'Union européenne. Soros a été très clair: à son avis, cette union, qui a défini dans une grande mesure le monde d'après-guerre, est désormais «détruite».
«Ces dernières semaines, non seulement l'Europe, mais la planète entière ont été choquées par les actions du Président Trump», a-t-il affirmé.
Dans un certain sens, le Président américain a réussi ce qui était considéré comme impossible. En effet, il était jusqu'ici inconcevable que quelqu'un puisse convaincre les experts européens que l'empire du mal n'était pas la Russie et qu'il existait dans le monde au moins un problème global dont le responsable n'était pas Vladimir Poutine. Donald Trump a brillamment résolu le problème et, à en juger par sa rhétorique belliqueuse, il ne s'arrêtera pas là.
George Soros a également déclaré que l'Union européenne traversait une crise menaçant son existence même.
«Dire que l'Europe fait face à un danger existentiel n'est désormais plus une figure de style, c'est la dure réalité», a-t-il indiqué.
Le milliardaire américain a affirmé que l'Union européenne était confrontée à trois grands défis: la désintégration territoriale, une politique économique erronée et la crise des réfugiés. Pour ce qui est de la désintégration territoriale, c'est, selon lui, le Brexit, bien qu'il tente lui-même d'éviter la sortie du Royaume-Uni de l'UE grâce à des injections financières dans un groupe de politiciens britanniques influents organisant un second référendum pour annuler les résultats du premier.
Au cours de ces derniers jours, la crise politique italienne a de nouveau placé à l'ordre du jour le problème du secteur bancaire européen. De façon schématique et primitive, le problème peut être formulé ainsi: pour l'Italie (et de nombreux autres pays de l'Union européenne), l'appartenance à la zone euro est un nœud de pendu qui étrangle la croissance économique, vu l'impossibilité de mettre le cours des devises au service de la protection contre les importations ni d'encourager ses propres exportations ou, du moins, les substitutions d'importation.
Il se peut qu'il soit possible d'éteindre l'incendie italien avec de l'argent, mais ce sera une solution provisoire qui ne permettra que de faire disparaître les symptômes sans pour autant résoudre le problème en tant que tel. George Soros insiste sur le fait que l'Union européenne doit «se réinventer» d'urgence sinon elle disparaîtra tout simplement. Il espère que le danger même d'effondrement du «Projet européen» pourrait forcer les pays membres «à mettre de côté leurs intérêts nationaux afin de préserver l'Union européenne». Aucun doute, Soros et ses collègues oligarques, ainsi que de nombreux politiciens européens, mettront tout en œuvre pour obliger les pays européens à «réinventer l'Union européenne». Et ce de manière à ce que la nouvelle organisation ne leur laisse aucun moyen de défendre leurs intérêts nationaux.
La Russie est une sorte d'«anti-Soros» dans la mesure où elle reconnaît toujours le droit des autres pays à avoir et à défendre leurs propres intérêts et propose une coopération mutuellement avantageuse au lieu de sacrifices au nom d'idéaux anti-chrétiens du «Projet européen». Et si les dirigeants européens — d'Emmanuel Macron à Angela Merkel en passant par Boïko Borissov [Premier ministre bulgare, ndlr] — tentent de remettre sur les rails leurs relations avec Vladimir Poutine, c'est que l'Europe semble perdre peu à peu l'habitude de défendre «les intérêts Soros» pour revenir à la nécessité de défendre les siens.
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