Il est triste de discuter de l'ingérence étrangère dans la formation du gouvernement irakien, mais cette ingérence est bel et bien une réalité, a déclaré à Sputnik Ali Fadlallah, spécialiste irakien des problèmes de sécurité.
«Cette ingérence se manifestera surtout à l'étape suivante, lors de la formation de coalitions et d'alliances, quand sera mise en place la majorité qui choisira le chef du gouvernement. Les forces étrangères ayant des leviers d'influence au sein du gouvernement irakien y mettront incontestablement la main», a estimé l'interlocuteur de l'agence.
Selon le spécialiste irakien du droit international, Ali al-Tamimi, l'Iran et les États-Unis s'engageront plus que les autres dans cette lutte, compte tenu notamment du récent retrait des Américain de l'accord nucléaire.
«Les résultats des élections ont beaucoup affecté l'influence iranienne en Irak, le bloc al-Fath et Nouri al-Maliki ayant essuyé une défaite. Je pense par conséquent que ces élections profitent aux Américains qui pourront influer sensiblement sur la composition du futur gouvernement. Il va sans dire que Téhéran ne restera pas passif et fera tout son possible pour renforcer son influence à lui», a supposé l'interlocuteur de Sputnik.
D'après lui, l'Irak va se tourner désormais vers les États arabes, Moqtada al-Sadr ayant déjà fait beaucoup pour cela par l'établissement de bons contacts personnels avec bien des dirigeants arabes.
«Dans sa coalition, il y a beaucoup de jeunes politiques qui ne manqueront pas de soutenir les changements», a conclu M. al-Tamimi.
Les médias rappellent que Moqtada al-Sadr, issu d'une lignée de dignitaires religieux, est farouchement attaché à l'indépendance politique de l'Irak, et s'est même rapproché de l'ennemi juré de Téhéran, l'Arabie saoudite. Vainqueur des élections législatives, l'imam chiite a tendu la main lundi aux principaux partis pour former une coalition gouvernementale.
Selon la commission électorale, le taux de participation à ces élections a été de 44,52 %, la participation la plus basse depuis la chute de Saddam Hussein en 2003.