Dans un entretien avec le journal Jeune Afrique, publié ce lundi, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a accusé l'Algérie d'avoir une responsabilité dans l'instabilité de la région du Sahel. Or, selon un article du Canard enchaîné publié le 9 mai, les conclusions d'un rapport du Sénat français et les déclarations, le 12 mai 2018 à Alger, de l'envoyé spécial de l'Onu pour la Libye se tiennent à l'opposé des affirmations du responsable marocain, et accordent un rôle central à l'Algérie dans la résolution des crises au Sahel et en Libye.
Le rapport rédigé par des sénateurs français, ayant effectué une mission d'audit de l'opération militaire française au Sahel et au Mali qui dure depuis 5 ans, a fait état d'une dégradation accrue de la situation sécuritaire dans la région en concluant qu'il ne peut y'avoir de paix sans la participation de l'Algérie.
De son côté, le chef de la diplomatie algérienne a souligné que sa rencontre avec le responsable onusien était «une occasion de discuter longuement de la situation qui prévaut en Libye et des prochaines étapes dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution de l'ONU et du Conseil de sécurité ainsi que du Plan d'action de Ghassan Salamé», selon la même source.
Et d'évoquer la situation sécuritaire au Sahel, qui ne cesse de se dégrader depuis le renversement par l'Otan du défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le ministre marocain a néanmoins considéré qu'Alger a une responsabilité dans l'état dans lequel est arrivée la région. «Il y a aujourd'hui une conscience que la stabilisation du Sahel passe par un rôle plus constructif des pays directement impliqués, qui ne peuvent plus considérer cette zone comme une arrière-cour manipulable à souhait, ni comme un espace pour évacuer leurs tensions internes».
Alger a catégoriquement réfuté les déclarations du responsable marocain en affirmant que ce dernier n'a apporté aucune preuve et continuait à «inventer des histoires».