Emmanuel Macron, à plus d'un titre, apparaissait donc comme un «président par défaut», n'ayant pas reçu des électeurs un mandat précis, ce que confirmaient les sondages. Pourtant, il s'est cru investi d'un mandat particulier, celui de réformer la France. Il faut, alors, se retourner sur un an de Présidence Macron, et sur la frénésie des réformes qui semble l'habiter, mais aussi sur le sens même de certaines de ces réformes.
Une présidence autoritaire?
Président des riches?
Si les réformes qu'il entend faire passer en France sont donc sur les rails, (on pense bien sûr à la réforme de la SNCF), elles continuent d'être fortement contestées. Les attaques contre les services publiques touchent, il convient de le rappeler, en premier lieu les plus défavorisés. De fait, nombre de ces réformes heurtent de plein fouet les classes populaires. A cela viennent s'ajouter des dérapages de langage qui révèlent une morgue profonde: parler de « gens qui ne sont rien » confirme qu'Emmanuel Macron a très peu d'empathie pour qui n'est pas issu du même milieu que lui. La familiarité qu'il entretient avec des personnes qui peuvent raisonnablement passer pour des « nantis » aggrave son cas. Cela, cependant, ne peut lui être reproché. Par contre, les mesures fiscales avantageant massivement les plus riches sont, elles, problématiques.
L'image d'un Président autoritaire se combine alors à celle d'un « Président des riches », voire des « très riches » comme l'a dit son prédécesseur, François Hollande (2), une image qui découle d'un certain nombre de mesures fiscales avantageant à l'évidence les 10% de la population aux revenus les plus élevés. La combinaison de ces deux images pourrait bien se révéler délétère, voire désastreuse, à l'avenir.
Emmanuel Macron et l'Europe
En l'état, l'Union européenne est non réformable. Il faudrait, pour espérer faire avancer les choses, avoir le courage de provoquer une crise majeure. Mais, cette dernière menacerait de « tuer l'UE ». C'est là toute la contradiction de la politique d'Emmanuel Macron: il s'est persuadé que la survie de l'UE passait avant toute réforme. On comprend, alors, la prégnance du statuquo.
L'amitié avec Trump
On devine qu'il espérait, en retour, un appui des Etats-Unis quant à sa politique européenne. Mais l'appuis des Etats-Unis sera-t-il suffisant pour faire plier l'Allemagne? On peut en douter.
On peut donc penser que le Président français a vendu la réputation et la crédibilité de son pays contre un illusoire plat de lentilles (au ketchup)…
Emmanuel Macron et la France
Ainsi se révèle de la manière la plus crue, mais aussi la plus véridique, la Présidence d'Emmanuel Macron, une Présidence qui se fait des idées sur la France mais qui a complètement oubliée cette certaine idée de la France.
(3) ALLEMAND, Frédéric, "Les GOPE" dans ALLEMAND, Frédéric, L'Union économique et monétaire: origine, fonctionnement et futur. Sanem: CVCE, Dossier thématique, 2013. CVCE, 2013; https://www.cvce.eu/education/unit-content/-/unit/7124614a-42f3-4ced-add8-a5fb3428f21c/a84854b0-f7e6-44cb-81b0-3c9652b60054
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