«Si l’Europe annonce ses besoins et est prête à signer des contrats nécessaires, je n’exclus pas que d’autres projets de gazoducs s'avèrent nécessaires. Tel qu’un Nord Stream 3», a récemment déclaré Alexandre Medvedev, vice-président du géant gazier russe Gazprom, intervenant à la télévision.
Or, comme le souligne l’observateur économique Dmitri Leoukh, les propos d’Alexandre Medvedev ne sont point dénoués de fondement. Selon lui, deux facteurs rendent la construction d’un troisième gazoduc russe passant par le fond de la mer Baltique non seulement une éventualité toute à fait réaliste, mais aussi une nécessité mathématique.
Épuisement des ressources européennes
«En janvier, le gouvernement néerlandais a annoncé que vers 2022 l’extraction à Groningue, qui était à l’époque le plus grand gisement hollandais, serait divisée par deux, soit à 12 milliards de mètres cubes par an. Pour mieux le comprendre, il convient de rappeler qu’il y a encore quelques années, l’extraction sur ce gisement atteignait quelque 50 milliards de mètres cubes de gaz. Or, selon le Premier ministre hollandais Mark Rutte, l’extraction y cessera vers 2030», rappelle-t-il dans sa publication.
«Les anciennes centrales à charbon ferment leurs portes. Vers 2022, toutes les centrales nucléaires fermeront définitivement en Allemagne. Quant à la consommation industrielle du gaz, elle ne cesse de croître», indique M.Leoukh.
Et, souligne-t-il, aucun gaz naturel liquéfié (GNL) qu’il soit américain, qatari ou russe ne saura combler ce manque. Qui plus est, le passage au GNL sera mortel pour l’industrie européenne.
Lutte pour le statut de hub gazier
Donc, en annonçant la possibilité de construire un Nord Stream 3, Gazprom ne bluffe pas, indique M.Leoukh. «Il ne fait en effet qu’annoncer un appel d’offres pour le moment tacite, mais indispensable du point de vue mathématique. Il s’agit [d’un appel d’offres] pour une troisième conduite de l’un des deux gazoducs», explique-t-il.
Selon l’observateur, il est donc à l’Allemagne et à la Turquie de concourir pour la construction de conduites supplémentaires pour obtenir le statut du principal hub du gaz russe, dont, comme assurent certains «personne n’a besoin».