«Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'Intérieur, condamne avec la plus grande fermeté l'ensemble des provocations, gesticulations et incidents qui ont marqué ce week-end dans les Hautes-Alpes et dont les groupes d'activistes d'ultra-droite et d'ultra-gauche sont respectivement à l'origine.»
La place Beauvau a tout autant condamné dimanche 22 avril l'action des militants de Génération Identitaire et des No Borders italiens, une impartialité qui est bien loin d'être de mise dans la classe politico-médiatique, à l'exemple de Henri Maler, fondateur de l'Observatoire des médias Acrimed:
Ministre de l'indignité, Gérard Collomb renvoie dos à dos "les activistes de l'ultra-droite"' (autrement dit: des nazillons) et les "activistes pro-migrants" (c'est-à-dire solidaires) https://t.co/mXUOR0zBfa
— Henri Maler (@HMaler) 22 апреля 2018 г.
Samedi 21 avril, une centaine de militants de Génération identitaire se rendent au sommet du col de l'Échelle, passage entre l'Italie et la France emprunté depuis plusieurs mois par de nombreux clandestins majoritairement d'Afrique de l'Ouest. Ils installent un grillage de chantier et déploient une banderole annonçant la fermeture de la frontière. Une opération de communication à 30.000 € du mouvement d'extrême droite, hélicoptères à l'appui pour les prises de vue, organisée en toute transparence, la préfecture ayant été prévenue. Hasard du calendrier, il se déroulait alors que le projet de loi asile-immigration entrait dans sa phase finale.
Si cette opération —forcer une frontière avec des personnes en situation irrégulière- n'a guère ému la gauche, celle-ci a été unanime à condamner l'action du groupe identitaire français, très souvent qualifié de «milice», parfois de «police fasciste», tout en critiquant un ministre de l'Intérieur selon eux complaisant à leur égard.
«Les bras m'en tombent […] je vous demande monsieur le ministre d'État, ce soir, dans cette séance, de réaffirmer l'autorité de l'État […] ce communiqué, qui vient d'être mis en ligne […] est inadmissible pour le droit de notre République et je vous demande de le dénoncer,»
interpelle vigoureusement Valérie Rabault, Présidente du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, qui s'indigne que la Préfecture se soit contentée de «suivre» les opérations de Génération Identitaire et de «n'avoir aucune action sur le terrain». Même son de cloche de la part d'Eric Coquerel. Le député La France Insoumise (LFI), qui a récemment fait la Une pour avoir soutenu l'occupation par des clandestins de la basilique de Saint-Denis en mars dernier, fustigeait une action «provocatrice et illégale» de la part du groupe identitaire et adoptait un ton grinçant sur l'inaction de la préfecture:
Ouf! La préfète « suit » avec attention le contrôle d’une frontière par une police fasciste! Je rêve et je comprends pourquoi @gerardcollomb ne nous répond pas depuis 14 h. L’état doit faire cesser cette action provocatrice et illégale. Point barre https://t.co/xnsNz2mg8C
— Eric Coquerel (@ericcoquerel) 21 апреля 2018 г.
Pourtant, la préfecture des Hautes-Alpes signalait que l'opération en question s'était déroulée «dans le calme», soulignant qu'«aucun fait de violence n'a été soulevé» et qu'«il n'y a pas eu de trouble à l'ordre public», relate Le Monde. Bref, qu'elle n'avait aucun motif pour intervenir.
De son côté, la députée communiste des Hauts-de-Seine, Elsa Faucillon, avait fait part sur les réseaux sociaux de sa «nausée»:
Nausée. Enverra t-on aussi CRS et gendarmes pour empêcher l’extrême-droite de faire la milice à nos frontières? https://t.co/r6VcG2rQZx
— Elsa Faucillon (@ElsaFaucillon) 21 апреля 2018 г.
Rappelons-lui simplement que les militants d'extrême droite n'étaient ni armés, ni violents et qu'à ce titre, le terme de «milice» semble quelque peu abusif, même si cette rhétorique a été reprise en masse sur les réseaux sociaux, où les moqueries se mêlent aux menaces à l'égard des jeunes militants qui opèrent à visage découvert, à la différence d'autres mouvements, eux ouvertement violents. Mais elle n'est pas la seule dont les critiques ont parfois pu flirter avec la diffamation:
«avant que cela ne dégénère», «il faut les arrêter avant qu'ils n'aient le temps de réaliser ce qu'ils comptent faire, c'est-à-dire mettre à mal un migrant,» insiste, auprès de Gérard Collomb, Jean-Luc Mélenchon, dans des propos relayés par Le Monde.
Des «pitres un peu dérangés […] ce sont les amis de Gilbert Collard» ajoutera-t-il lors d'une passe d'armes avec son homologue député Frontiste.
Je tiens à rappeler que si les gros dégueulasses de #StopMigrantAlpes avaient sévi dans les années 90, ils auraient #privé l'équipe de France de Zinédine Zidane, Thierry Henry, Patrick Vieira et plein d'autres. L'immigration peut être une #chance, ne l'oublions pas.
— Jean-Michel Moralisateur (@JMMoralisateur) 22 апреля 2018 г.
Une volée de critiques, qui ne va certainement pas retomber après l'annonce, le 22 avril au soir, par Gérard Collomb de l'envoi de renforts de Police et de Gendarmerie dans les Hautes-Alpes.
Question: que se passe-t-il si ces raclures empêchent de passer une femme avec son nourrisson dont la vie est en danger? #StopMigrantAlpes sont des assassins potentiels. Que fait @gerardcollomb si prompt à matraquer les pacifistes de la #Zad et de #Tolbiac? Honteux. https://t.co/iHHYCq8lkx
— Pierre SC (@PierreCortese) 22 апреля 2018 г.
D'autres, très minoritaires, appellent à considérer la portée politique du message envoyé, quoi que l'on puisse penser de Génération identitaire:
Réveillez-vous: qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le #StopMigrantsAlpes des #identitaires est, sur le plan symbolique et par ses conséquences mobilisatrices, aussi fort que le démontage d’un #Macdo par un certain José Bové,il y a plus de 20 ans. Des paroles et des actes.
— André Bercoff (@andrebercoff) 22 апреля 2018 г.