Le missile abattu avait été tiré en direction de la province saoudienne de Najran, frontalière du Yémen. Selon Izvestia.
Plus tôt, fin mars, la défense antiaérienne de l'Arabie saoudite avait annoncé avoir contré une importante attaque de missiles. Selon la déclaration des autorités, sept missiles avaient été abattus, dont trois visaient la capitale saoudienne Riyad.
Les «années missiles» de l'Arabie saoudite
Le conflit au sud de la péninsule arabique a éclaté en 2015 quand la coalition des monarchies du Golfe, indirectement soutenue par d'autres pays de la région (y compris l'Égypte et la Jordanie), a envahi le Yémen.
Au final, les protagonistes extérieurs se sont retrouvés dans une guerre rampante avec la guérilla, qui a entraîné des pertes sensibles en matériel coûteux et en effectifs. A cela se sont récemment ajoutés des problèmes politiques liés à la lutte entre les groupes politiques du pays pour prendre la place de Hadi, et leur soutien par différents membres de la coalition.
Les Houthis se rattachent au chiisme (plus exactement au zaydisme) et sont donc soutenus par leurs coreligionnaires iraniens. Et ce n'est pas tout: le conflit entre Riyad et Téhéran pour le statut de «superpuissance régionale» ne date pas d'hier.
A un moment donné les Houthis ont obtenu des missiles iraniens Qiam-1 permettant d'attaquer des cibles jusqu'à 1.000 km. Les rebelles ont commencé à tirer ces missiles non seulement contre les troupes de la coalition au sud de la péninsule, mais également contre les cibles en profondeur sur le territoire saoudien. Riyad y compris.
Le 4 novembre 2017, par exemple, un missile Qiam-1 est tombé aux abords de l'aéroport du roi Khaled au nord de la capitale. Selon les autorités saoudiennes, il aurait été abattu par le complexe antiaérien Patriot mais une enquête menée un mois plus tard par des journalistes américains a révélé que le complexe n'avait rien à voir avec cette neutralisation, même s'il avait tiré au moins cinq antimissiles. L'ogive du Qiam-1 s'est tranquillement échouée à l'extrémité de la piste de décollage et n'a causé aucun dégât uniquement à cause d'un manque de précision.
Le choix dans la pratique
Les résultats de la lutte inefficace contre les missiles des Houthis avec les systèmes Patriot ont poussé les militaires saoudiens à chercher de nouvelles solutions. De plus, l'expérience de la lutte contre les missiles balistiques iraniens qui ne sont pas les plus modernes et efficaces les a poussés à se demander: qu'arriverait-il en cas d'attaque avec des missiles de pointe?
Depuis début 2017, Riyad a commencé à travailler en ce sens. D'abord, en mai 2017, un accord a été conclu sur l'éventuel achat à la Russie de quatre divisions du système antiaérien S-400. Ce modèle est significativement plus avancé que le best-seller précédent: le S-300PMU-2 Favorit.
C'est notamment vrai en ce qui concerne l'interception des cibles à grande vitesse. Le Favorit était capable d'intercepter des missiles tactiques jusqu'à 2800 m/s à une distance de 40 km. Le S-400 peut éliminer des cibles allant jusqu'à 4800 m/s avec une distance maximale d'interception de 60 km. Les ingénieurs affirment que c'est suffisant pour lutter contre des missiles de moyenne portée (jusqu'à 3500 km).
Le conflit yéménite risque de se transformer en une sorte de polygone d'essai où Riyad testera les systèmes antiaériens de différents développeurs. Il est évident que le niveau de formation des effectifs sera un facteur déterminant, en sachant que le matériel en soi deviendra plus compliqué que le Patriot.
Les résultats de cet «essai» influenceront davantage le succès des exportations du S-400 russe qui, après la Chine et la Turquie, a également des chances de faire son apparition en Inde.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.