«Ils [les pays occidentaux, ndlr] doivent comprendre que chaque geste brusque conforte inévitablement l'aspiration de la Russie à prendre des mesures pour défendre son territoire et sa population puis la population et le territoire de ses alliés. Et ce sont des mesures adéquates», a-t-il déclaré.
Le fait que Moscou se soit limité à une réponse diplomatique ne signifie pas qu'il ne recourra pas à d'autres moyens à l'avenir.
«Pour l'instant, aucun navire [des USA et de leurs alliés, ndlr] n'a été frappé. Mais personne ne dit que cela durera toujours», a souligné M.Babourine.
Cependant, les contacts entre militaires russes et américains jouent leur rôle positif et diminuent le risque d'une confrontation directe entre Moscou et Washington en Syrie.
«Aujourd'hui, les structures militaires des États-Unis, notamment le Pentagone, et l'état-major de Russie effectuent un important échange quotidien d'informations sur des questions critiques», a annoncé le coprésident de l'Union russe des vétérans, le major général Vladimir Romanenko.
«Lors de la crise des missiles de Cuba, d'une part, il y avait un désir de frapper, d'autre part, il y avait l'idée de ce que l'on obtiendrait en conséquence», a expliqué l'expert.
L'orientaliste russe Andreï Korotaïev estime qu'il ne faut pas redouter un conflit militaire entre la Russie et les États-Unis dans le contexte de la situation actuelle en Syrie.
«Le risque d'un affrontement direct avec les États-Unis est maintenant moindre qu'il ne l'était auparavant», a indiqué Andreï Korotaïev.
Quant à la décision des alliés de Washington, la France et le Royaume-Uni, de participer aux frappes contre Damas, elle est ambiguë, selon l'interlocuteur de Sputnik. En ce qui concerne l'Allemagne, qui ne s'est pas jointe à Washington, c'est la figure d'Angela Merkel qui a joué son rôle.
«À l'époque, l'Allemagne s'était abstenue de participer à l'intervention américaine en Irak. L'Allemagne est toujours très prudente. […] Ce serait bizarre d'attendre une autre décision de Mme Merkel», estime M.Korotaïev.
Si la position allemande semble favorable du point de vue de Moscou, l'attitude d'Ankara qui a soutenu les frappes contre la Syrie est plus discutable.
«La Turquie a un nombre assez sensible de protégés, ses groupes rebelles en Syrie largement financés par elle depuis longtemps et dont elle ne cache pas les soutenir. […] Dans la situation actuelle, c'est [le soutien turc aux frappes contre Damas, ndlr] probablement une révérence à ses protégés syriens», a expliqué M.Korotaïev.
Cela étant, cette démarche d'Ankara ne doit influencer de manière négative ni les relations bilatérales avec Moscou, ni le format tripartite de la coopération entre la Turquie, la Russie et l'Iran dans la région.
«La Turquie n'a jamais caché son antipathie à l'égard d'Assad. C'est une union tactique: l'Iran, la Russie et la Turquie. Mais la Turquie a toujours souligné sa position particulière», a déclaré Andreï Korotaïev.
«Il y a un an, la Turquie a aussi exprimé son soutien à cette frappe. Cela n'a eu aucune conséquence pour la coopération entre la Turquie, l'Iran et la Russie. C'est pourquoi, je pense que cette fois il n'y aura aussi aucune conséquence réelle», a conclu l'interlocuteur de Sputnik.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont tiré le 14 avril plus de 100 missiles contre des installations gouvernementales syriennes qui, selon eux, auraient servi à fabriquer des armes chimiques.
Les autorités syriennes ont déclaré à plusieurs reprises que tout l'arsenal chimique avait été retiré du pays sous le contrôle de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).