Pour Donald Trump, frapper la Syrie était le seul moyen de démontrer à ses adversaires politiques américains qu’il n’est pas un agent du Kremlin, estime Alexandre Mikhaïlov, expert militaire et directeur du Bureau d’analyse militaro-politique.
«Apparemment, de son point de vue, la tâche est accomplie, il est donc peu probable qu’au cours des jours à venir on assiste à la suite de cette histoire de frappes de missiles sur la Syrie. Le contexte informationnel, nécessaire pour justifier ces bombardements, a également été créé, les activités militaires ultérieures n’ont donc pas de sens», indique-t-il.
Le politologue Gevorg Mirzayan, professeur à l'Université des finances du gouvernement russe, partage son avis sur ce point.
«Il est clair que Trump est content d’avoir tenu parole. Il avait promis de bombarder et l’a fait. Cela étant dit, les États-Unis ont mené des frappes de missiles purement démonstratives et peu convaincantes sur les cibles syriennes. Ils n'ont causé aucun dommage réel. La Russie n'a pas participé à la déviation des frappes. D’ailleurs, ce n'était même pas nécessaire puisque la majorité des missiles américains, environ 70%, ont été interceptés par les moyens de défense antiaériennes obsolètes que possède la Syrie», explique-t-il.
«La présence des systèmes de DCA russes peut niveler la plupart des menaces de missiles pour la Syrie. L'état-major général de la Fédération de Russie a déjà promis de reconsidérer la question des livraisons de systèmes S-300 à la Syrie. Auparavant, les forces armées russes n'utilisaient les S-300 [dans ce pays, ndlr] que pour protéger leurs bases militaires», conclut-il.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont attaqué dans la nuit du 13 au 14 avril des sites d'infrastructures militaires de la Syrie. Cette coalition tripartite a tiré 103 missiles (l'année dernière, l'aérodrome militaire syrien de Shayrat avait déjà été attaqué par 59 missiles) dont 71 ont été abattus à l'approche de leurs objectifs, d'après le ministère russe de la Défense.
Moscou a violemment fustigé les frappes, affirmant que par leurs actions, les États-Unis laissaient faire les terroristes en Syrie. La Russie a également annoncé samedi convoquer une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu.