Le quotidien Gazeta.ru annoncent que le Pentagone demanderait à l'industrie américaine de fabriquer des analogues de fusils d'assaut et de mitrailleuses soviétiques — sans oublier les munitions.
Les USA envisageraient de fournir des armes d'infanterie aux forces spéciales américaines mais aussi aux groupes de l'opposition syrienne. Le Pentagone a donc suggéré aux hommes d'affaires américains de créer des analogues des armes soviétiques les plus populaires et de lancer leur production.
Le Pentagone aurait demandé d'allouer 800 millions de dollars du budget pour les années 2018 et 2019 pour soutenir les combattants syriens dans le cadre du programme de financement de la formation et de l'armement contre Daech*.
114 millions de dollars serviront à acheter 62.000 fusils d'assaut AK-47, 7.500 mitrailleuses modernisées Kalachnikov PKM, 3.500 mitrailleuses de gros calibre DChK, 3.400 lance-roquettes antichars RPG-7 et 744 fusils de précision Dragounov.
Il est prévu d'acheter 15 millions de cartouches de 7,62x39 mm (AK-47, AKM) et 5 millions de cartouches de 7,62x54 mm de différentes versions (mitrailleuses PK, PKM, Dragounov), selon le programme de financement de la formation et de l'armement contre l'organisation terroriste Daech* pour 2019.
La direction de l'usine Degtiarev, qui fabrique des mitrailleuses PKM et des mitrailleuses de gros calibre 12,7 mm et 14,5 mm, a déclaré qu'elle n'était pas au courant de ce problème et s'est refusée à tout commentaire.
Par ailleurs, le groupe russe Kalachnikov a souligné à plusieurs reprises que le fabricant américain Kalashnikov USA (K-USA) n'avait rien à voir avec la compagnie russe. Cette position n'a pas changé, a annoncé le groupe.
De nombreux belligérants, dans tous les conflits armés récents, utilisent des armes russes ou soviétiques ou, au pire des cas, leurs copies fabriquées en Europe de l'Est ou en Chine.
On notera le succès de la Bulgarie dans la production sans licence d'armes d'infanterie russes, qui alimente sans le moindre remord et sans gêne le marché mondial de l'armement avec de nombreuses copies de fusils et de mitrailleuses russes.
Les rebelles en tout genre et les terroristes du Proche- et Moyen-Orient utilisent en grande partie des armes russes — des carabines SKS et des fusils de précision Mossine aux mitrailleuses de gros calibre DChK (Degtiarev-Chpaguine) en passant par les mitrailleuses lourdes antichars Vladimirov installées sur des pick-ups.
Quand les Américains veulent armer les groupes qu'ils soutiennent mais que ces derniers exigent uniquement des armes soviétiques ou russes, Washington éprouve des difficultés évidentes. Il doit notamment acheter telle ou telle arme sur le marché, voire simplement les voler. De nombreux problèmes se posent également quand il faut fournir des pièces de rechange.
L'armement des alliés américains dans les zones d'opérations extérieures est généralement pris en charge par l'United States Special Operations Command (USSOCOM). C'est pourquoi les Américains ont eu cette idée très simple: au lieu d'éprouver des difficultés évidentes en achetant des armements russes pour équiper leurs groupes commandos via des tiers, ne serait-il pas préférable d'organiser sa propre production d'armes sur le territoire national?
A ces fins, l'USSOCOM demande directement que les entreprises et les compagnies américaines du secteur de l'armement trouvent un moyen de mettre en place la production d'armes russes.
Le but consiste à «développer aux USA la capacité d'innovation pour fabriquer des copies d'armes d'infanterie étrangères (avant tout russes) affichant des performances techniques égales ou supérieures à celles proposées actuellement sur le marché international de l'armement». En tout cas, c'est à cela que ressemblent les idées formulées par l'USSOCOM.
L'USSOCOM veut notamment que les compagnies américaines évaluent s'il est possible de «remanier ou de recopier et produire dans le pays les armes suivantes»: la mitrailleuse PKM pour des cartouches de 7,62x54 mm R et la mitrailleuse lourde NSV (Nikitine, Sokolov, Volkov) pour la cartouche de 12,7x108 mm.
Selon le commandement, les prétendants au projet de recherche doivent élaborer «cinq prototypes entièrement fonctionnels avec toutes les munitions nécessaires ressemblant à la mitrailleuse lourde NSV développée par les Russes».
Cependant, l'USSOCOM ne promet pas de faciliter ce processus. Il n'apportera aux constructeurs qu'une aide sous la forme de dessins techniques — et seulement dans certains cas.
Les compagnies intéressées devront élaborer leurs propres dessins techniques détaillés des armes étrangères, acquérir les pièces de rechange et les matières premières nécessaires, et créer leurs propres capacités de production.
Les compagnies américaines de l'armement devront également organiser la production des pièces de rechange nécessaires pour entretenir les armes fabriquées dans un bon état technique. De plus, elles devront être prêtes à lancer une production en série (et la stopper si besoin) en assurant la fourniture de la quantité d'armes nécessaire.
L'USSOCOM souligne que ces copies d'armes étrangères doivent être «fabriquées uniquement aux USA». Les fabricants «utiliseront seulement des travailleurs américains, achèteront tous les matériaux nécessaires dans le pays et garantiront la production d'armes dans des usines situées uniquement sur le territoire des USA».
«Il y a toutes les raisons de croire que toutes ces idées seront réalisées aux USA très prochainement», explique Konstantin Makienko, directeur adjoint du Centre d'analyse stratégique et technologique.
*Organisation terroriste interdite en Russie
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.