Quand, en avril 2014, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika accomplissait son devoir électoral en fauteuil roulant, beaucoup d'Algériens se demandaient s'il arriverait à terminer son mandat. Rempiler cinq ans plus tard relevait, à l'époque, de la pure science-fiction. C'est pourtant ce scénario qui serait en passe de se dessiner après l'annonce de ce week-end.
L'apparition publique que ce dernier s'apprête à faire, le 9 avril, après une très longue absence, préjuge déjà de ses intentions. Le fade remaniement ministériel, opéré il y a quelques jours et dont l'opinion publique algérienne peinait à déchiffrer le sens, semble préparer psychologiquement cette annonce. Bouteflika est aux commandes.
#Algérie: enfin, #Bouteflika sort de son hibernation et lance sa campagne https://t.co/ntRUOunwDP pic.twitter.com/ZAv89f9YYD
— Le360Afrique (@Le360Afrique) 8 avril 2018
Lancement semi officiel de la campagne pour le 5ème mandat pour #Bouteflika, ce lundi 9 avril à #Alger. Sortie présidentielle au programme
— Fayçal Métaoui (@Fmetaoui) 8 avril 2018
Mais la supplique du FLN vient surtout dissiper, quelque peu, le flou qui entourait, jusque-là, une candidature à un 5e mandat du Président algérien, 81 ans et fortement diminué depuis 2013. Si le soutien d'Ould Abbas pour Bouteflika est un secret de Polichinelle dans cette Algérie qui patauge dans une crise qui ne dit pas son nom, c'est surtout le caractère formel de l'annonce qui est inédit. Dans une interview qu'il avait accordée, en novembre dernier, à la chaîne algérienne El Bilad, Ould Abbas avait bien déclaré qu'«à part Bouteflika, je ne voterai pour personne […]. De même que tous les militants du parti sont avec le Président Bouteflika».
Ahmed Ouyahia: Pour l'heure, on lui souhaite la santé, la force, pour qu'il continue de conduire le pays vers l'avant.
Journaliste: En 2019, si le Président Bouteflika se présentait aux élections, Ouyahia le soutiendrait?
Ahmed Ouyahia: Ah, d'ici là… Qui peut me garantir que je sois moi-même encore en vie à cette date-là?
Ahmed Ouyahia: Bien-sûr! Bien-sûr! C'est que le soutien qui est le mien, mais aussi celui de la famille politique à laquelle j'appartiens, est basé sur des convictions et une stratégie. La stratégie du Président Abdelaziz Bouteflika tout au long de ces quatre mandats, ne nous a procuré que du bien, la prospérité, a bâti le pays, nous a redonné la place qu'on méritait sur la scène internationale…
Depuis, plusieurs personnalités et organisations se sont également «enrôlées» dans la liste des soutiens. Provoquant par là même, la consternation de beaucoup d'Algériens… qui n'a fait qu'un bond après l'annonce du week-end.
Si #Bouteflika estime que 10 ans suffisent pour un président d'appliquer son programme en limitant les mandats à deux par la constitution, pourquoi alors lui demande 25 ans? pic.twitter.com/A6MHc9ALwq
— Kamal DZ (@kdjdz) 8 avril 2018
J’veux un homme qui me lâche pas comme bouteflika lâche pas l’algerie
— 伊曼 (@iman_213) 30 mars 2018
Le 5e mandat de Bouteflika pourrait pousser les Algériens à la révolte https://t.co/O0CPvhkOmH
— Salem Marek (@SalemMarek) 8 avril 2018
Toutefois, Bouteflika semble continuer, malgré tout, de bénéficier d'une certaine popularité, notamment dans l'arrière-pays. Sa présidence a été associée à la fin de la guerre civile, même si la paix s'est faite au prix d'une amnistie contestée. L'économie algérienne, très affaiblie, a également connu sous sa présidence une relance palpable. La reprise a été principalement le fait d'une conjoncture favorable, liée à la montée du prix du baril dans ce pays qui vit des hydrocarbures. Le Président a déployé, de son côté, des efforts diplomatiques pour signer le grand retour de l'Algérie après une trop longue absence. Aujourd'hui, toutefois, et à mesure que le pays s'enfonce dans la crise économique, ces lauriers seront compliqués à faire valoir.
C'était toutefois privé du soutien du FLN qu'Abdelaziz Bouteflika a raflé, en 2004, près de 85% des voix. L'ancien parti unique avait préféré, à l'époque, se mettre derrière son secrétaire général, l'ancien Premier ministre, Ali Benflis. À l'issue de cette élection, Benflis démissionnera de la tête du FLN. Le parti repassera alors sous la coupe de Bouteflika.