Mirage d’une bombe nucléaire saoudienne

© Sputnik . Sergey Guneev / Accéder à la base multimédiaDeputy Crown Prince and Defense Minister of Saudi Arabia Mohammad bin Salman Al Saud
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L’Arabie saoudite acquerra-t-elle prochainement la bombe nucléaire, ou plutôt bénéficiera-t-elle du feu vert de Washington pour pouvoir s’en doter? Qu’est-ce qui prévaudra chez les États-Unis: la volonté de contrer l’axe chiite, Iran en tête, ou de maintenir leur contrôle sur la région?

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La «bombe» médiatique saoudienne est en attente d’une bombe nucléaire. Le prince héritier saoudien promet d’en fabriquer une, si l’Iran lance son projet. Et ceci risque de devenir quelque chose de plus important qu’une simple bombe en périphérie du Golfe persique pour le programme nucléaire iranien qui se développe depuis plus de 40 ans en dépit de toutes les menaces américaines, israéliennes et occidentales, lit-on dans le quotidien libanais Al-Akhbar.

Qui plus est, c’est la première fois qu’une telle mise en garde à l’encontre de Téhéran émane d’un pays de la péninsule arabique. L’Arabie saoudite est encore à l’aube du développement de son programme nucléaire qu’elle a récemment annoncé et souhaite acquérir 18 réacteurs nucléaires, dont deux, qu’elle veut construire d’ici 2022, rappelle l’édition.

«Il reste à savoir si le prince héritier Mohammed ben Salmane est sûr de son projet et de ses contacts qui participeront à la réalisation du projet nucléaire de l’Arabie saoudite qui cherche à profiter de l’expérience internationale pour compenser le retard dans la formation de ses cadres scientifiques nucléaires. De telles démarches raccourcissent de manière considérable son chemin vers la mise en place de son programme nucléaire. Les armes nucléaires sont disponibles pour une série de pays aussi bien à l’intérieur du monde arabe qu’à l’extérieur, ce qui constitue un défi nucléaire pour l’Iran», indique l’auteur de la publication.

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Or, souligne-t-il, les Saoudiens sont pressés comme jamais auparavant. Ils cherchent à recevoir l’accès aux technologies nucléaires innovantes sous l’administration américaine actuelle et à conclure les accords nécessaires avant que Donald Trump ne quitte la Maison-Blanche. C’est ce qu’expliquerait l’intensité des rencontres bilatérales de ces dernières semaines, estime-t-il.

«Ce genre de désirs émanant d’Arabie saoudite bouleversent les relations américano-saoudiennes telles qu’on les connaît. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Président américain Franklin Roosevelt a rencontré le roi saoudien Abdel Aziz Al Saoud à bord du Quincy. Ils ont signé un accord qui pendant des décennies a défini des bases immuables: protection et contrôle de la part États-Unis contre la dépendance de l’Arabie saoudite», est-il indiqué.

Dans le contexte de leur contrôle sur la région, les États-Unis perçoivent Israël comme leur principale et essentielle base militaire au Proche-Orient. Et l’État hébreu cherche à prévenir l’émergence d’une force centrale arabe susceptible d’attirer d’autres pays de la région. «C’est pour cette raison que les Américains et les Israéliens ont combattu le projet de Gamal Abdel Nasser de créer une force arabe centrale et indépendante. Pour cette même raison ont été lancées deux guerres en Irak et a été entreprise le blocage de l’Iran dans la région après que ce dernier eut rejoint l’axe de résistance. Toutes les guerres américaines dans la région […] ont été organisées pour préserver la position d’Israël qui se trouve au centre du système de contrôle», juge l’auteur.

La bombe de Mohammed ben Salman est une sorte d’écho aux modifications stratégiques que connaît la région. Cela pousse les observateurs à s’interroger une fois de plus: le mur de l’interdiction américaine de création de tout programme nucléaire a-t-il une fissure?

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Le premier de ces changements a touché le système régional arabe qui a été complètement démoli à l’issue de la guerre américaine contre l’Irak. Les États-Unis ont tenté de d’établir le contrôle sur un territoire qui n’en fait qu’à sa tête. Après la première guerre américaine en Iran, celle de 1992, l’orientaliste américain Bernard Lewis a écrit son célèbre article paru dans le journal Foreign Affairs, prévenant le système régional arabe qu’il marquera la fin du monde arabe en tant qu'entité politique et supprimera les accords sur son rôle central dans la question palestinienne. Les événements sont allés plus loin que Lewis ne l’avait suggéré et ont conduit à la proclamation de l'Iran comme ennemi de tous les Arabes après que son influence a augmenté et s'est répandue dans les pays de l'axe de résistance, écrit l’auteur de l’article.

Selon lui, Israël lui-même a également changé. Au moins, dans ses discours officiels il ne définit plus tous les pays arabes comme étant ses ennemis. D’ailleurs, certains d’entre eux sont plutôt devenus ses alliés, l’Iran et l’axe de la résistance étant l’ennemi principal. «Probablement, ces transformations majeures se sont produites grâce à la possibilité de surmonter l'interdiction du programme nucléaire à des fins militaires et la construction de réacteurs nucléaires saoudiens pour contrer le pouvoir croissant de l'Iran».

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Toutefois, ces changements ne sont pas suffisants pour que les États-Unis révisent leur équation de protection et de dépendance de l’Arabie saoudite. «L’arme nucléaire sera en mesure d’assurer la protection stratégique de l’Arabie saoudite elle-même. Riyad deviendra plus indépendant de ses "tuteurs" américains, c’est ce qu’ont fait avant elle d’autres pays», explique l’auteur citant l’exemple du Pakistan.

Mais la pierre d’achoppement pour la création de la bombe de ben Salmane, estime-t-il, est le lancement du mécanisme de prolifération d’armes nucléaires, ce que redoutent Israël, les États-Unis et les pays occidentaux. Pour être plus clair, ils craignent «le début de la course aux armements au sein des puissances régionales entourant Israël de tous les côtés. Si un tel processus est lancé, il déstabilisera l’équilibre international et régional et transformera l’hégémonie américaine et occidentale en mirage, similaire au mirage de la bombe nucléaire saoudienne», conclut-il.

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