Qui plus est, c’est la première fois qu’une telle mise en garde à l’encontre de Téhéran émane d’un pays de la péninsule arabique. L’Arabie saoudite est encore à l’aube du développement de son programme nucléaire qu’elle a récemment annoncé et souhaite acquérir 18 réacteurs nucléaires, dont deux, qu’elle veut construire d’ici 2022, rappelle l’édition.
«Il reste à savoir si le prince héritier Mohammed ben Salmane est sûr de son projet et de ses contacts qui participeront à la réalisation du projet nucléaire de l’Arabie saoudite qui cherche à profiter de l’expérience internationale pour compenser le retard dans la formation de ses cadres scientifiques nucléaires. De telles démarches raccourcissent de manière considérable son chemin vers la mise en place de son programme nucléaire. Les armes nucléaires sont disponibles pour une série de pays aussi bien à l’intérieur du monde arabe qu’à l’extérieur, ce qui constitue un défi nucléaire pour l’Iran», indique l’auteur de la publication.
«Ce genre de désirs émanant d’Arabie saoudite bouleversent les relations américano-saoudiennes telles qu’on les connaît. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Président américain Franklin Roosevelt a rencontré le roi saoudien Abdel Aziz Al Saoud à bord du Quincy. Ils ont signé un accord qui pendant des décennies a défini des bases immuables: protection et contrôle de la part États-Unis contre la dépendance de l’Arabie saoudite», est-il indiqué.
Dans le contexte de leur contrôle sur la région, les États-Unis perçoivent Israël comme leur principale et essentielle base militaire au Proche-Orient. Et l’État hébreu cherche à prévenir l’émergence d’une force centrale arabe susceptible d’attirer d’autres pays de la région. «C’est pour cette raison que les Américains et les Israéliens ont combattu le projet de Gamal Abdel Nasser de créer une force arabe centrale et indépendante. Pour cette même raison ont été lancées deux guerres en Irak et a été entreprise le blocage de l’Iran dans la région après que ce dernier eut rejoint l’axe de résistance. Toutes les guerres américaines dans la région […] ont été organisées pour préserver la position d’Israël qui se trouve au centre du système de contrôle», juge l’auteur.
La bombe de Mohammed ben Salman est une sorte d’écho aux modifications stratégiques que connaît la région. Cela pousse les observateurs à s’interroger une fois de plus: le mur de l’interdiction américaine de création de tout programme nucléaire a-t-il une fissure?
Selon lui, Israël lui-même a également changé. Au moins, dans ses discours officiels il ne définit plus tous les pays arabes comme étant ses ennemis. D’ailleurs, certains d’entre eux sont plutôt devenus ses alliés, l’Iran et l’axe de la résistance étant l’ennemi principal. «Probablement, ces transformations majeures se sont produites grâce à la possibilité de surmonter l'interdiction du programme nucléaire à des fins militaires et la construction de réacteurs nucléaires saoudiens pour contrer le pouvoir croissant de l'Iran».
Mais la pierre d’achoppement pour la création de la bombe de ben Salmane, estime-t-il, est le lancement du mécanisme de prolifération d’armes nucléaires, ce que redoutent Israël, les États-Unis et les pays occidentaux. Pour être plus clair, ils craignent «le début de la course aux armements au sein des puissances régionales entourant Israël de tous les côtés. Si un tel processus est lancé, il déstabilisera l’équilibre international et régional et transformera l’hégémonie américaine et occidentale en mirage, similaire au mirage de la bombe nucléaire saoudienne», conclut-il.