Depuis le pacte du Quincy, scellé le 14 février 1945 sur le croiseur USS Quincy entre le roi Ibn Saoud, fondateur du royaume d'Arabie saoudite, et le Président américain Franklin Roosevelt, d'une durée de 60 ans, renouvelé pour une même période en 2005 par le Président George W. Bush, les deux pays travaillent en étroite collaboration, aussi bien sur les plans économique et politique, que militaire et stratégique. Rien ne se passe dans le royaume sans que Washington n'en soit informé auparavant. Toutefois, l'Arabie saoudite a pris ses distances avec son allié américain au début de l'année 2013, en réponse à la non-intervention militaire du pays dans la guerre civile syrienne et au rapprochement irano-américain qui fait suite à l'élection d'Hassan Rohani à la présidence de la République islamique. Cependant, comme les centres de pouvoirs et de décision aux États-Unis sont multiples et variés, l'influence sur le cours des choses en Arabie saoudite dépend étroitement de la faction qui est aux manettes à la Maison-Blanche, et de ses alliances dans le royaume. À ce titre, il est judicieux d'éclairer ce qui se passe en Amérique, depuis l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, avant de se pencher sur ce qui se passe à Riyad.
Mieux vaut s'adresser à Dieu qu'à ses Saints
En s'attaquant à cet empire mondialiste, et en dénonçant ses abus, Donald Trump a endossé le costume d'«homme pour le peuple».
Au sommet des Values Voter, qui s'est tenu du 13 au 15 octobre à l'Omni Shoreham Hotel de Washington, Steve Bannon, l'ancien conseiller de Trump, forcé à la démission, cependant présent à la rencontre à la demande de ce dernier, s'est lancé dans une attaque en règle contre ces élites «corrompues et incompétentes» dont Hillary Clinton est l'égérie, en les accusant d'avoir ruiné le pays et de monter une cabale contre le Président dans le but de le détruire.
Que se passe-t-il au royaume?
Lors de sa visite en Arabie saoudite, le 21 mai dernier, le Président américain avait tenu des propos très clairs à l'égard du terrorisme, dont les répercussions sur le comportement de ce pays et les pays de la région ne se sont pas fait attendre.
«C'est un choix entre deux futurs, et c'est un choix que l'Amérique ne peut pas faire pour vous. Un meilleur avenir n'est possible que si vos nations rejettent les terroristes et les extrémistes. Mettez les dehors. Mettez-les hors de vos lieux de culte. Mettez-les hors de vos communautés. Mettez-les hors de votre terre sainte. Mettez-les hors de notre terre», avait déclaré le Président.
Suite aux tractations qui ont eu lieu lors de cette visite, les Saoudiens, ainsi que leurs alliés du Golfe à l'exception du Qatar, auraient compris que la Maison-Blanche venait de sonner la fin de la partie, et qu'elle allait imposer un changement de cap dans la région. Plus de terrorisme, plus de djihadistes, et surtout pas de changement de régime en Syrie.
C'est à la lumière de ses changements majeurs dans la politique extérieure américaine, l'intervention décisive de la Russie dans le conflit syrien, qui a radicalement changer la donne, en fédérant les efforts des autres pays que sont l'Iran, l'Irak et dernièrement la Turquie, en plus de la course au pouvoir du jeune prince, qu'il faut analyser ce qui se passe en Arabie saoudite.
Avant d'aller dans le vif du sujet, commençons par rappeler l'évènement diplomatique majeur de ces dernières semaines qu'est la visite, pour la première fois, du roi Salman à Moscou, hautement symbolique, vu que la Russie est l'un des acteurs majeurs de la défaite du terrorisme en Syrie. Cette rencontre avec le Président Poutine signe un important bouleversement dans la politique extérieure de l'Arabie saoudite, qui cherche à se repositionner, suivant la nouvelle donne dans la région, en tissant des liens stratégiques avec la Russie, chose qui lui permettra d'équilibrer l'influence américaine dans le futur.
Mohammed ben Salmane, qui montera très probablement prochainement sur le trône, aurait décidé de profiter de l'occasion, de la main tendue que lui offre l'administration américaine et du changement de la donne dans la région autour de la Russie, pour liquidé ses rivaux et assoir son pouvoir, en faisant avancer l'argument, en outre valable, que ce sont les gens qu'il a arrêtés, alliés des mondialistes anglo-américains, qui ont mené le pays à la faillite économique, militaire et diplomatique. Le prince a aussi fait arrêter tous les prédicateurs religieux qui servaient d'idéologues au terrorisme, et qui travaillaient en connivence avec les autres détenus.
Cependant l'Arabie saoudite n'a pas lâché du lest à Trump sur tous les dossiers. Celui de l'Iran, par excellence, et du Hezbollah au Liban. Les Saoud ont cherché, pour l'instant en vain, à les déstabiliser en tentant de créer une guerre civile au Liban, par la présence plus ou moins acceptée de son Premier ministre Saad Hariri, qui a même consenti à démissionner en Arabie. Ce dernier, à son retour dans son pays, a annoncé la suspension de sa démission.
Les Saoudiens se sont aussi attaqués au Qatar, à qui ils ont imposé un embargo, pour les relations qu'il continue d'entretenir avec les Frères musulmans, ainsi que l'Iran.
Les nouvelles informations portant sur la torture que subiraient les personnes arrêtées, à qui on a confisqué la bagatelle de 800 milliards de dollars, plus le danger des missiles houthis qui peuvent à tout moment s'abattre sur Riyad, rendent la situation tendue et incertaine dans ce pays
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