Prolifération d’armes US: les intérêts russes lésés?

© AFP 2024 Kim Jae-HwanLe système Patriot
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Depuis quelques mois, les États-Unis ont annoncé la possibilité de conclure des contrats prévoyant des livraisons d’armes à un plus grand nombre de pays, dont ceux limitrophes de la Russie ainsi que ses partenaires de longue date. L’expansion de l’industrie militaire américaine dans le monde porte-t-elle atteinte aux intérêts russes?

Les États-Unis ont signé jeudi plusieurs contrats avec l'Arabie saoudite prévoyant la livraison au royaume de missiles anti-char, de pièces de rechange pour les véhicules militaires et l'entretien des hélicoptères. Cette mesure peut être considérée comme un signe de l'intensification de la diplomatie de l'armement américaine, dont l'un des buts serait d'endiguer la Russie et de lui mettre des bâtons dans les roues sur les marchés internationaux.

Une concurrence commerciale

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Dans le cadre de leur politique «Buy American», qui prévoit la mise en avant des intérêts commerciaux américains, y compris dans le secteur de l'armement, les États-Unis entendent conclure plus de contrats de livraisons d'armes.

L'Arabie saoudite est un allié de Washington de longue date et l'un des principaux acheteurs d'armes américaines. Néanmoins, en octobre dernier, le roi saoudien Salman s'est rendu en Russie lors d'une visite qualifiée d'historique. Pendant son déplacement, de nombreux contrats ont été signés entre les deux pays, dont l'un prévoit la vente de systèmes d'interception aérienne russes au royaume. Le rapprochement entre les deux pays a été suivi avec méfiance par les États-Unis. Donc le déplacement du prince héritier Mohammed ben Salmane aux Etats-Unis, lors duquel ont été signés de nouveau contrats, avait pour but de renforcer l'alliance entre les deux pays.

Le Vietnam est un autre État où les intérêts commerciaux américains peuvent entrer en contradiction avec ceux des Russes. En mai 2016, le Président Obama a annoncé la décision de son pays de lever l'embargo imposé sur les livraisons d'armes au Vietnam.

Bien que l'ancien locataire de la Maison-Blanche ait affirmé que cette mesure ne devait pas être considérée comme un «chèque en blanc» pour les ventes d'armes à ce pays, sous son successeur la diplomatie américaine s'est intensifiée dans cette direction. Fin janvier 2018, Tina Kaidanow, assistante du secrétaire d'État américain pour les Affaires politiques et militaires, s'est rendue au Vietnam où elle a annoncé le désir de l'administration américaine de voir la conclusion de davantage de contrats pour la vente d'armes entre les deux pays. Cette politique vise, entre autres, à diminuer le taux d'armes russes dans les livraisons au Vietnam. Depuis plusieurs décennies, la Russie est le principal fournisseur d'armes de ce pays asiatique.

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Fin mars, Mme Kaidanow entend également se rendre en Turquie, qui a signé en septembre dernier un accord avec la Russie prévoyant la livraison de plusieurs systèmes S-400. Selon les médias turcs, la responsable américaine proposerait à Ankara d'acheter les systèmes antimissiles américains Patriot au lieu de ceux des Russes.

Une intrusion dans l'espace post-soviétique

Il semble que les États-Unis n'ont pas que pour ambition de défendre leurs sociétés sur les marchés internationaux. En fait, ils entendent livrer des armes à plusieurs pays limitrophes de la Russie. Selon Sergei Zheleznyak, membre du comité pour les affaires internationales de la Douma d'État, ces mesures visent à «contenir» la Russie.

Pour le moment, deux pays post-soviétiques ont des projets concrets d'achat armes américaines. Il s'agit de l'Ukraine et de la Géorgie. Le 23 décembre 2017, le Congrès américains a approuvé la vente de missiles anti-char Javelin à Kiev. Selon Petro Porochenko, l'Ukraine recevra ces armes en 2018.

La Russie a mis en garde contre la livraison d'armes létales américaines à l'Ukraine.

«Moscou considère que les décisions des États-Unis concernant les livraisons d'armes létales à Kiev sont plutôt dangereuses. Non seulement sur le plan des paramètres et de la quantité d'armes américaines, mais aussi du fait que Washington encourage de facto les forces belligérantes à Kiev, en les poussant vers un scénario musclé», a déclaré en décembre dernier le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Krassine.

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La Géorgie pourrait être un autre pays auquel seraient livrés les missiles Javelin. Les informations concernant leur possible vente à ce pays post-soviétique ont été publié le 20 novembre 2017 sur le site de la Defense Security Cooperation Agency (DSCA).

Déneutralisation des pays nordiques

Les États-Unis prévoient également des livraisons d'armes aux pays nordiques qui ne sont membres d'aucune alliance militaire, tels que la Finlande et la Suède. Ces pays ont su se tenir à l'écart la compétition globale entre les deux superpuissances au cours de la guerre froide. Désormais, la donne pourrait changer. En février 2018, le département d'État américain a approuvé une possible vente de missiles antinavire Harpoon. Les États-Unis entendent également livrer à la Finlande des missiles ESSM (Evolved Sea Sparrow Missile), qui pourraient être utilisés depuis les corvettes finlandaises Squadron 2020.Le montant de ces deux contrats pourrait s'élever à environ 750 millions de dollars.

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Un autre pays situé à proximité de la Russie et qui entend acheter des armes américaines est la Suède. L'administration Trump a annoncé fin février l'approbation d'une possible vente de systèmes antimissiles Patriot à ce pays, qui n'est pas non plus membre de l'Otan, capables d'intercepter des missiles balistiques de courte et de longue portées. Le montant de ce contrat est estimé à 3,2 milliards de dollars.

La Finlande et la Suède ne sont pas membres de l'Otan. Mais en 2014, les deux pays ont signé un accord avec cette alliance militaire, prévoyant une coopération plus étroite en cas d'urgence.

La géographie des possibles contrats prévoyant une livraison d'armes américaines en dit donc beaucoup sur les intentions des États-Unis.

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