Telle est la conclusion que l'on peut tirer des déclarations américaines sur la nécessité d'éviter une course aux armements, et des annonces sur la disposition de Moscou et de Washington à organiser une rencontre au sommet. Toutefois, l'Amérique laisse entendre qu'elle ne cédera à personne son leadership militaire.
Le monde est devenu multipolaire mais les USA doivent conserver une domination militaire totale sur les autres pays, a déclaré le général. «Nous devons aborder la dissuasion à travers un nouveau prisme. Nous ne vivons plus dans un monde bipolaire opposant deux superpuissances — ce qui simplifiait notre approche de la dissuasion», affirme le général.
Il est convaincu que «la Russie continue de lancer des défis nécessitant une concentration systématique et résolue».
Le discours de John Hyten a précédé la déclaration du président américain Donald Trump qui, pendant son entretien avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Washington, a parlé de son appel téléphonique au président russe Vladimir Poutine. «Je l'ai félicité pour la victoire, la victoire à l'élection, a expliqué le locataire de la Maison blanche. Je lui ai téléphoné étant donné que prochainement nous pourrions nous voir, et parler des armes et de la course aux armements.» En parlant de la rivalité entre les deux pays dans ce domaine, le dirigeant américain a affirmé: «Nous ne laisserons jamais personne ne serait-ce que se rapprocher du niveau auquel nous nous trouvons».
La conversation avec le président russe a mis en évidence le refus de Donald Trump d'écouter les avertissements de ses conseillers à la sécurité nationale. Les sources de l'administration américaine rapportent que les dernières consignes données au président contenaient une remarque en majuscules: «NE FELICITEZ PAS!». On rapporte que Donald Trump a préféré ne pas écouter ses conseillers qui suggéraient de condamner le président russe pour l'incident de Salisbury.
«Je pense que l'un des signaux de l'allocution du président russe était adressé aux Américains et visait la reprise de la coopération dans le domaine du contrôle des armements», analyse Viktoria Jouravleva du Département politique étrangère et nationale des USA de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales affilié à l'Académie des sciences de Russie. Et d'ajouter: «Nous l'espérions. Cela pourrait intéresser les Américains, vu la manière dont ce thème a été abordé. Mais il y a une difficulté: les USA sont entrés aujourd'hui dans une nouvelle étape de modernisation des armements. Très probablement, les fabricants et les représentants de l'industrie de l'armement, qui veulent obtenir un financement supplémentaire et élargir l'arsenal, ne souhaitent pas vraiment parler de restrictions à l'étape actuelle. En étudiant la logique de nos négociations sur les armements dans l'histoire, on voit qu'en général un nouveau cycle de négociations est lancé une fois que chaque pays a achevé une étape de modernisation.»
L'analyste rappelle que l'administration de Donald Trump compte augmenter le financement du Pentagone l'an prochain, ce qui implique une modernisation des armements. «Mais la question des armes stratégiques et nucléaires est toujours prioritaire lors de nos contacts bilatéraux, poursuit Viktoria Jouravleva. Dans le couloir étroit dans lequel nous pouvons parler de quelque chose, l'armement est l'un de nos sujets permanents. Même quand nous nous trouvons dans une phase aiguë de conflit, ce thème demeure sous le contrôle des deux pays, c'est pourquoi stratégiquement, oui, la période actuelle sera suivie d'une autre pendant laquelle nous commencerons à parler de la réduction, du contrôle et de la restriction des armements. Cela pourrait faire sortir nos relations de l'impasse actuelle. Mais cela n'arrivera pas aujourd'hui.»
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.