La zone euro en plein tempête après 2020

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Jens Weidmann prendra la tête de la Banque centrale européenne (BCE) et mettra un terme à la politique d'assouplissement quantitatif (AQ), tandis que les réformes de Macron ne régleront aucun problème.

Cette situation sera le dernier coup de pouce pour l'Italie, eurosceptique, où naissent déjà des projets de monnaies parallèles. Ajoutez à cela la guerre commerciale de Trump et 2020 s'annonce déjà comme une année très désagréable.

Il est de plus en plus évident que fin 2019, le président actuel de la Bundesbank Jens Weidmann remplacera Mario Draghi au poste de président de la Banque centrale européenne (BCE). Le changement de convictions économiques sera radical et, couplé à d'autres problèmes en Italie et aux USA, pourrait mettre un terme à la pauvreté dans la zone euro.

En quoi croit Jens Weidmann?

En tant qu'Allemand typique de la période post-Wehrmacht, il croit à une monnaie forte et à une inflation basse. Il y a quelques semaines, le financier allemand a exprimé son désaccord avec les actions engagées ces dernières années par Mario Draghi, et annoncé sa volonté de stopper le programme d'assouplissement quantitatif pour le remplacer par une augmentation des taux d'intérêts.

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Que se passe-t-il si les taux d'intérêts augmentent trop rapidement? Les marchés s'effondrent. D'un autre côté, le maintien trop long de taux d'intérêts bas a contribué au fiasco des crédits immobiliers à taux bas en 2007-2008.

En 2012, à l'apogée de la crise de la dette souveraine de la zone euro, Draghi promettait de tout faire tout le nécessaire pour préserver la monnaie européenne commune. Jens Weidmann était le seul membre du conseil de la BCE à s'y opposer. La déclaration de Draghi a eu un impact rassurant sur les marchés financiers qui se sont rapidement calmés.

Toutefois, après son départ, il n'est pas certain que Weidmann fera preuve de la même détermination à tout faire pour préserver la monnaie commune. Comme la plupart des Allemands, il n'est pas partisan des idées de Macron sur la création d'un budget de la zone euro, parce que les virements monétaires sont considérés comme une trop grande concession au «Sud paresseux». Peut-être qu'en fin de compte, Weidmann décidera de maintenir le statu quo. Mais s'il campait sur ses convictions, les taux d'intérêts augmenteraient, les marchés s'effondreraient et cela entraînerait la fin de la zone euro.

Trump gagnera, pas Macron

La presse financière se moque du président américain et considère son homologue français comme une véritable trouvaille. Néanmoins, si l'on observe la politique qu'ils ont menée jusqu'à présent, on constate que leur vision converge — entre réduction des impôts, surtout pour les riches, et diminution du flux migratoire. Côté résultats, on constate une hausse stable des deux économies.

Néanmoins, c'est à Macron qu'on attribue le mérite d'avoir «rétabli la confiance dans le milieu d'affaires grâce à ses réformes», tandis que le succès de Trump est perçu comme une heureuse coïncidence — dans le meilleur des cas. C'est peut-être le cas, mais la croissance économique est plus forte aux USA qu'en France.

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Or le boom sur le marché financier américain (qui a commencé dans la nuit du 7 novembre 2016 quand Donald Trump a remporté la présidentielle en devançant Hillary Clinton, entraînant un profond changement du marché en 2017) a joué le rôle de moteur dans le monde entier. Par conséquent, si le comportement du marché signifie quelque chose, il faut rendre son dû à Trump, pas à Macron.

Impossible de présenter plus clairement le rapport de forces entre Trump et Macron. Il y a quelques jours, Trump a approuvé ses taxes sur l'acier et l'aluminium, et les tentatives de Macron de lui en parler sont restées vaines.

Ce dernier a également appelé l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) à intervenir, mais Trump a invoqué la sécurité nationale et ni l'OMC ni Macron ne peuvent y faire grand-chose. Même en inversant les rôles, les principaux médias continueraient de faire l'éloge de Macron et de se moquer de Trump. Le fiasco du président français a été ignoré.

Le solde positif de la balance commerciale de l'Allemagne est souvent qualifié de facteur d'instabilité sur la scène internationale. Néanmoins, la Commission européenne, le FMI, les anciens présidents des USA et d'autres membres de l'UE n'ont pas encore réussi à le réduire. Trump s'apprête à faire ce que personne d'autre n'a eu le courage de faire: punir l'Allemagne. Il mènera une guerre commerciale et monétaire contre la zone euro, et les taxes mentionnées ne sont qu'un premier pas.

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Enfin, qu'en sera-t-il de la réforme de la zone euro et de son budget proposée par Macron? Le budget, selon les journalistes informés de la situation, s'élèvera à 3 milliards d'euros par an, soit environ 0,03% du PIB de la zone euro. Ainsi, sa contribution aux efforts pour sauver les membres de la zone euro de la chute sont insignifiants. Même si Macron dispose d'un ministre des Finances qu'il a lui-même choisi et d'un budget qu'il appelle à adopter, cela n'aidera pas.

Macron peut avoir «toutes les bonnes idées», comme aime le dire la presse, mais il ne les réalise pas et on doute qu'il puisse le faire un jour. Les médias qui le défendent creusent la tombe de leur propre image.

La révolte italienne

Depuis les dernières élections, l'Italie est officiellement un pays eurosceptique. Les principaux partis attachés au projet d'intégration européenne ont été vaincus. Il est difficile de prédire si un gouvernement sera formé. Le parti Mouvement 5 Étoiles a obtenu le plus grand nombre de sièges mais n'a pas décroché la majorité.

Le parti démocrate se déchire: il veut soutenir le gouvernement du Mouvement 5 Étoiles car «c'est ce qu'ont voulu nos électeurs», mais sa probable future direction, menée par l'ancien ministre du Développement économique Carlo Calenda, n'a pas l'intention de le faire. La Ligue possède la plus forte coalition mais elle reste à l'écart pour l'instant.

Son leader Matteo Salvini sait qu'en cas de nouvelles élections il devrait anéantir son allié Silvio Berlusconi en obtenant de lui un plus grand nombre de voix. Il sait aussi que si le M5E passait un accord avec l'establishment, ils perdraient leurs voix exprimées contre lui. Il deviendrait alors le seul candidat fiable pour les changements nécessaires. Mario Draghi pourrait occuper le poste de premier ministre en 2019. Le M5E pourrait cesser de le soutenir, mais le soutien d'un gouvernement technocratique signerait la fin du mouvement protestataire.

D'un autre côté, si Draghi ne dirigeait plus la BCE en maintenant les taux d'intérêts bas au profit de l'Italie, il n'y aurait plus d'arguments pour que cette dernière reste dans la zone euro.

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