La semaine dernière, le Président américain a provoqué un tollé international en annonçant que son pays allait mettre en place une forte taxation des importations américaines sur l'acier et l'aluminium. Étant de loin le principal producteur mondial de ces deux matières, Pékin redoute un engrenage incontrôlable, qui mènerait à une guerre douanière tous azimuts.
Ce jeudi, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a mis les points sur les i: Pékin adoptera «certainement» une «réponse appropriée et nécessaire» face à d'éventuelles sanctions commerciales américaines:
«Les leçons de l'histoire nous enseignent que les guerres commerciales ne sont jamais la bonne solution pour résoudre un problème», a fait valoir le ministre, s'exprimant en marge de la session annuelle du Parlement chinois. «Plus la Chine se développe, plus elle contribuera au monde.»
Toutefois, le responsable a adoucit son ton en affirmant que la Chine ne visait pas le «rôle» américain sur la scène internationale.
Mais la coopération gagnant-gagnant avec la Chine est-elle souhaitable pour les États-Unis? Vu la fréquence des démonstrations de force dans la région et le nombre impressionnant de bases militaires américaines qui s'y trouvent, une réponse sincère à cette question reste difficile à trouver…
En fait, ces bases au Japon et en Corée du Sud mettent non seulement le commerce chinois, mais aussi la sécurité du pays, en position vulnérable. Dans le cas d'une guerre commerciale, une chaîne de bases américaines autour de la Chine pourrait lui couper l'accès aux voies maritimes.
Cet encerclement militaire de la Chine dure déjà depuis longtemps. En 2016, The Sun a rapporté que: «Les États-Unis se préparent à une guerre avec la Chine avec 400 bases dotées de navires de guerre et d'armes nucléaires pour créer un "nœud coulant parfait" autour de la superpuissance rivale». Selon le journal, au total, 400 bases militaires américaines, remplies de navires de guerre, de bombes nucléaires et de bombardiers, ont été installées dans la région du Pacifique, notamment en Corée du Sud et en Australie.
Sans compter (bien sûr) les visites régulières dans la région des porte-avions bourrés d'armes modernes. Lundi 5 mars, le Carl Vinson est arrivé dans le port vietnamien de Danang, ancienne base militaire américaine durant la guerre du Vietnam, pour une escale de quatre jours. Non seulement cette présence militaire illustre le rapprochement entre les anciens ennemis, mais elle vise aussi à envoyer un message clair à la puissance chinoise, qui revendique la quasi-totalité de la mer de Chine du Sud.
Toutefois, après avoir littéralement encerclé la région asiatique avec ses bases militaires, Washington a lancé récemment une mise en garde d'une brutalité sans précédent concernant la concurrence entre les États-Unis et la Chine à… Djibouti. Le fait est que Pékin a inauguré l'été dernier sa première base militaire à l'étranger, à quelques kilomètres à peine d'une base militaire des forces américaines. Le port du petit, mais très stratégique, pays est-africain doit être visité cette semaine par le secrétaire d'État américain. Pour le chef de la diplomatie américaine, les investissements américains vont dans le sens d'une «croissance soutenable», tandis que les investissements chinois encouragent une forme de «dépendance».
Alors, une guerre commerciale approche-t-elle à grand pas? Même si les États-Unis sont prêts à frapper et la Chine prête à repousser l'attaque, d'autres institutions et pays du monde les invitent à la prudence: la directrice générale de la Banque Mondiale, Kristalina Georgieva, vient de mettre en garde le Président américain Donald Trump contre une guerre commerciale et lui a conseillé «d'évaluer soigneusement les conséquences de sa décision».