Une interdiction de livrer en UE des pommes de terre, des tomates, des motos et du whiskey américains menace de toucher Washington en réponse à ses taxes drastiques sur l'acier européen, écrit jeudi la revue en ligne Vzgliad. Les USA menacent d'engager des démarches identiques contre la Russie, mais la réaction russe devrait être bien plus souple. Pourquoi?
En 2017, le ministère américain du Commerce a mené deux enquêtes sur l'influence des importations d'acier et d'aluminium sur la sécurité nationale des USA. Début 2018, le ministère a officiellement soumis à Donald Trump un rapport soulignant la nécessité d'adopter des taxes sur l'acier étranger, avec pour objectif de réduire les importations d'acier de 13,3 millions de tonnes, et celles d'aluminium de 668.000 tonnes par an. Dans un délai de 90 jours (c'est-à-dire jusqu'à mi-avril) le président doit décider s'il veut décréter ces mesures ou non.
Ce n'est pas tout: vendredi dernier, le ministre américain du Commerce Wilbur Ross a proposé d'instaurer des taxes sur l'aluminium et l'acier de différents pays pour protéger la «sécurité nationale des USA». Il a proposé trois options: soit adopter une taxe d'au moins 24% sur toutes les fournitures d'acier pour tous les pays; soit introduire une taxe jusqu'à 53% sur les importations de 12 pays concrets, y compris la Russie et la Chine; soit instaurer des quotas sur les fournitures, avec un plafond à 63% des volumes de livraison de 2017. Des mesures semblables ont été avancées pour l'aluminium: une taxe de 7,7% sur toutes les importations; ou une taxe de 23,6% pour des pays concrets; ou un quota avec un plafond à 86,7% des volumes de 2017.
L'UE est prête à décréter des taxes sur une large liste de produits américains — du jus d'orange aux motos en passant par le whiskey, écrit le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) se référant à une source de la Commission européenne. En tête de liste de la Commission européenne: les produits agricoles en provenance des USA, notamment les pommes de terre et les tomates. En outre, les Européens porteront un coup dur aux marchandises ayant une grande importance pour les districts électoraux des partisans les plus proches du président américain Donald Trump.
«La seule possibilité pour la Russie d'obtenir une décision positive est de déposer une plainte à l'Organisation mondiale du Commerce. Tandis que l'UE possède bien plus de leviers de pression sur les USA, précisément à travers le commerce extérieur», précise Kirill Iakovenko de la société Alor Broker. Les échanges entre la Russie et les USA sont largement inférieur aux échanges entre l'UE et les USA.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.