L’attaque contre l’appareil militaire russe a été revendiquée par le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Cham (ex-Front al-Nosra), ainsi que par le groupe rebelle Jaych al-Nasr (Armée de la Victoire), membre de l’Armée syrienne libre (ASL), qui a publié une vidéo montrant un avion en flammes.
Après la destruction de l’avion, une question se pose: d’où proviennent les systèmes de missiles sol-air qui permettent aux terroristes d’abattre les avions?
Selon le ministère russe de la Défense, il est question d’un système portatif de défense antiaérienne. Le parlement russe a appelé à établir s’il ne s’agissait pas d’une arme de fabrication occidentale.
«Il faut comprendre d’où provient cette arme. S’il s’agit d’un missile Stinger, comment aurait-il pu se retrouver chez les terroristes du Front al-Nosra? D’après certaines informations, les États-Unis auraient livré des armes aux Kurdes. Il faut que Washington présente une liste complète des armes qu’il a livrées aux groupes armés. L’essentiel est d’établir si cette liste contient des systèmes de missiles sol-air», a déclaré samedi soir à Sputnik Igor Korotchenko, expert militaire et rédacteur en chef de la revue russe «Défense nationale».
Fin janvier, les autorités turques ont affirmé que depuis quelques mois, Washington avait acheminé plus de 5.000 camions remplis d’armements aux miliciens kurdes de Syrie et qu’il envisageait de créer un couloir terroriste dans le nord de la Syrie. Il s’agit notamment de «missiles antichar Milan, TOW ou AT4», d’après Mete Yarar, spécialiste des questions de sécurité interrogé par Sputnik.
Dans ce contexte, la Turquie a bombardé en janvier un aérodrome utilisé par les États-Unis pour livrer des armes aux Kurdes. Ankara mène depuis le 20 janvier une opération baptisée Rameau d’olivier dans le canton d’Afrine, au nord d’Idlib.
Pourtant, il faut rappeler qu’en mai 2017, le Président Donald Trump a approuvé un plan de fourniture d’armes aux combattants kurdes pour reprendre Raqqa à Daech, malgré une forte opposition des Turcs. En plus, les FDS non seulement comprennent les Unités de protection du peuple kurdes (YPG), mais celles-ci en sont le fer de lance.
Quant aux Kurdes d’Afrine, ils estiment que les terroristes d’Idlib bénéficient d’un soutien d’Ankara.
«Tout le monde comprend qui appuie ces groupes terroristes. Les groupes d’Idlib sont encerclés et ne peuvent recevoir de l’aide que de la Turquie», a déclaré à Sputnik Rezan Hedo, porte-parole des YPG à Afrine, après avoir exprimé ses condoléances au peuple russe suite à la mort du pilote du Su-25.
Le 31 décembre, l’aérodrome syrien de Hmeimim, qui abrite une base aérienne russe, a été la cible d’une attaque aux mortiers. Le 6 janvier, les djihadistes ont pour la première fois utilisé de manière massive des drones pour attaquer la base de Hmeimim et la base de soutien logistique des navires russes à Tartous. L'attaque a été repoussée. Sept drones ont été abattus, tandis que le contrôle de six autres avait été pris par des unités de guerre électronique. L’attaque avait été organisée depuis Al-Mouazzara, dans le sud-ouest de la zone de désescalade d'Idlib contrôlée par les formations armées de l'opposition dite modérée.
Selon le ministère russe de la Défense, les solutions d'ingénierie auxquelles les terroristes ont eu recours ne pouvaient provenir que d'un pays possédant de hautes capacités technologiques.
Erdogan Karakus, lieutenant général à la retraite de l'armée de l'air turque, a notamment déclaré: «ce sont les États-Unis qui possèdent des drones capables de larguer des bombes et des obus utilisés habituellement par des avions». D’après M.Karakus, les drones utilisés lors de l'attaque contre les bases russes en Syrie étaient du même type que le matériel dont l'armée américaine était équipée.
Fin janvier, l'armée syrienne a découvert des équipements de guerre radio-électronique d'origine occidentale dans l'arsenal des terroristes du groupe la Force du Martyr Ahmed al-Abdo éliminés près de la ville d'al-Tanf. Selon le Centre pour la réconciliation des parties en conflit en Syrie, les combattants entraînés par les Américains, dans un camp construit par le Pentagone en 2016, possédaient des brouilleurs et des émetteurs d’origine européenne ainsi qu’un grand nombre de munitions et de la littérature djihadiste.
Une enquête devrait établir par quelle arme a été abattu le Su-25 russe en Syrie. Mais il est assez difficile d’acheminer des armes de ce type dans une zone d’hostilités.
Selon Igor Korotchenko, «la Russie doit fermement déclarer aux pays occidentaux que toute livraison d’armes de ce type en Syrie, quel que soit le destinataire, sera absolument inacceptable pour elle».