La «loi travail» votée en 2016 avait été très attaquée en raison des modifications qu'elle faisait subir au droit du travail. Mais un autre problème se révèle aujourd'hui. Et si cette loi modifiait les règles d'applications de la laïcité dans les entreprises? Jusqu'à présent, un arrêt du Conseil d'État concernant la crèche «Baby-Loup» avait tranché la question. On ne peut faire état de sa religion dans le cadre de l'entreprise et cette dernière conserve un droit total de définir ce qui est permis ou autorisé en la matière. Mais, justement, ce point est en train de changer avec la loi travail.
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Fatiha Boudjahlat, enseignante en collège et cofondatrice du mouvement Vivre la République, considère ainsi que «toute la jurisprudence pose comme principe la liberté de manifester ses convictions religieuses, y compris dans les entreprises, et pose comme restriction […] à partir du moment où elles sont proportionnées». En fin de compte, elle résume les prérogatives de l'employeur en la matière qui: «dispose d'une marge de manœuvre réelle, mais assez limitée puisque c'est la liberté de manifester sa religion qui est la règle.»
Raphael Dalmasso, spécialiste en droit du travail, maître de conférences à l'université de Lorraine en droit du travail, rappelle que le principe de liberté religieuse est un principe inscrit dans la convention européenne des Droits de l'Homme et «si on le limite totalement, c'est une discrimination religieuse». M. Dalmasso estime enfin que la jurisprudence est relativement floue sur le sujet, notamment sur la liberté de pratiquer sa religion: «c'est là que commencent les problèmes. Qu'est que ça veut dire, pratiquer sa religion? Jusqu'où peut-on pratiquer sa religion?»