L'Occident a pris le parti des manifestants et a accusé Téhéran de violations des droits de l'homme. La critique occidentale permanente de l'Iran ne fait que le représenter comme une dictature cléricale du Moyen Âge. Pour corriger cette vision répandue, une analyse du système politique de ce pays est nécessaire.
Tout d'abord, il faut se focaliser sur le fait que la séparation des pouvoirs, ce principe crucial pour chaque État moderne, prévue par la Constitution iranienne, est appliquée dans ce pays. Cela étant, certaines institutions exprimant la spécificité nationale et religieuse, existent en Iran en dehors du système de séparation des pouvoir dans son sens traditionnel.
Le Guide de la révolution
C'est le plus haut responsable du pays qui réunit les pouvoirs politique et religieux dans ses mains. Il est le chef de l'État. Il détermine la politique générale du pays et arbitre des conflits entre branches des pouvoirs. Il est aussi commandant en chef de l'Iran. De plus, le Guide de la révolution émet des fatwas, normes du droit musulman.
Le Guide de la révolution est nommé par l'Assemblée des experts, organe délibératif composé par 86 membres élus directement par les Iraniens. L'Assemblée est aussi capable de destituer le Guide de la révolution.
Ce poste est occupé par Ali Khamenei depuis 1989, après le décès de son prédécesseur, Rouhollah Khomeini.
Le Président
En Iran, le Président n'est pas chef de l'État mais celui du gouvernement. Toutefois, c'est une des figures les plus importantes dans le système politique iranien. Il exerce les fonctions de Premier ministre, dont le poste a été supprimé en 1989 et des fonctions représentatives. Donc, il guide le pouvoir exécutif et le gouvernement du pays.
Le Président iranien est élu au suffrage universel pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. Hassan Rohani occupe ce poste depuis 2013. Au mois de mai 2017, il a été réélu pour un second mandat.
Le gouvernement de l'Iran est composé de vice-Présidents, deux d'entre eux sont des femmes, et de ministres, nommés par le Président.
L'Assemblée consultative islamique (Majlis)
Cet organe législatif monocaméral iranien est élu pour quatre ans au suffrage universel direct, comme le Président. Il assume des fonctions parlementaires traditionnelles, telles que l'adoption de lois et du budget, la ratification d'accords internationaux, etc.
Le parlement iranien est une législature démocratique et pluraliste où l'opposition entre forces réformiste et conservatrice est évidente. Depuis 2016, la Coalition universelle des réformistes possède la majorité des sièges du Majlis (120 sur 390), la Coalition des principlistes (forces conservatrices) occupe 86 sièges. Les autres sièges sont partagés par des députés indépendants et des représentants des minorités religieuses, cinq sièges leur sont réservés.
Lors de la dernière législature, les conservateurs avaient la majorité au Majlis.
Le Conseil des gardiens de la Constitution
Le Conseil des gardiens est composé de 12 membres désignés pour six ans, dont une moitié, des clercs, est nommée par le Guide de la révolution et l'autre, des juristes, est élue par le Majlis. Cet organe vérifie les lois adoptées par le parlement et les actions du gouvernement au regard de la Constitution et des normes de l'islam. Le Conseil peut opposer son veto aux décisions des législateurs iraniens.
Son autre fonction importante est la validation des candidatures de tous les organes et postes élus directement en Iran.
Les situations de conflits entre le Conseil des gardiens et le Majlis sont résolues avec la médiation du Conseil de discernement, composé par des membres religieux du Conseil des gardiens de la Constitution et par des représentants de tous les pouvoirs du pays, en dehors de 28 membres nommés par le Guide de la révolution.
Quant au pouvoir judiciaire, il est incarné par des tribunaux de niveaux et spécificités différents, y compris, dans le domaine religieux. Le chef du pouvoir judiciaire est nommé par le Guide de la révolution.
Ainsi, le système politique iranien est un système complexe de contre-pouvoirs qui fonctionne dans le cadre de principes rationnels. Dans ce contexte, l'Iran est un exemple de synthèse réussie d'institutions démocratiques occidentales avec les principes traditionnels de l'islam: la démocratie illibérale, comme dirait Fareed Zakaria, journaliste américain qui a élaboré ce terme caractérisant des régimes où des institutions démocratiques coexistent avec des valeurs traditionnelles dominantes.