La France, selon Téhéran, doit agir contre l'opposition iranienne qui alimenterait cette contestation… la situation risque-t-elle de se détériorer entre les deux pays?
C'est la première manifestation de cette ampleur depuis celle de 2009 contre la réélection du Président Mahmoud Ahmadinejad, et qui avait été réprimée. «La population qui manifeste aujourd'hui est différente de celle de 2009» animée par un sentiment de fraude électorale, poursuit le chercheur. «Les gens de la classe moyenne, moyenne élevée manifestaient dans les rues, tandis que les plus modestes, qui avaient voté massivement pour Ahmadinejad, ne s'étaient pas déplacés». Aujourd'hui, c'est l'inverse: «Les classes moyennes modestes manifestent et s'il y a certaines violences, c'est que pour certain il n'y a plus rien à perdre. C'est une situation économique très difficile, une frustration énorme, avec un sentiment d'injustice sociale».
Deux ans après l'accord sur le nucléaire, qu'en est-il des relations économiques franco-iraniennes? Comme le note le Trésor, d'après des données des douanes françaises, les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de 3,7 milliards d'euros en 2004 à 515 millions en 2014. Une tendance qui s'explique «pour l'essentiel par la progression de nos exportations [+24% à 562 M EUR]» alors même que «les sanctions internationales n'étaient pas encore levées [elles l'ont été le 16 janvier 2016, ndlr)». «Le gros problème, c'est les sanctions américaines et le fait que les grandes banques européennes ne viennent pas en Iran. Donc ça freine les investissements étrangers. Mais je suis optimiste dans le sens où les entreprise françaises sont mobilisées», estime Thierry Coville.
«En terme de risque, le diagnostic que je ferai, mais il faut rester prudent, et que ces manifestations sont importantes, qui traduisent un malaise social important, je vois mal qu'elles prennent une ampleur plus importante. Les entreprises, ça les concernent, mais je ne crois pas que ça remette en cause un investissement ou une présence commerciale en Iran». «Il faut séparer l'économique du politique», conclut Thierry Coville.