«Ils [les combattants de Daech, ndlr] semblent se déplacer en toute impunité à travers des territoires tenus par le régime [de Damas, ndlr], ce qui démontre que le régime est clairement réticent ou incapable de vaincre Daech à l'intérieur de ses frontières.»
Le Général britannique Felix Gedney, l'un des responsables de l'opération Inherent Resolve, évoque les djihadistes combattant en Irak s'exfiltrant en Syrie. Une déclaration-choc qui laisse perplexe.
Pourtant, la reconquête de plus de 90% du territoire syrien des mains des djihadistes et autres groupes d'opposition par un gouvernement luttant contre son ennemi mortel suffit à tordre le cou à l'affirmation de «réticence à vaincre Daech».
Parlant de terroristes pouvant se «déplacer en toute impunité», il est intéressant de rappeler que des combattants de Daesh sont également passés par les territoires contrôlés par les Forces Démocratiques Syrienne (FDS), la milice soutenue par Washington. Un rapport de BuzzFeed News et un dossier de la BBC détaillent comment les combattants des FDS et de l'État islamique sont arrivés à un accord pour organiser dans le plus grand secret la fuite de près de 4.000 membres de Daesh de Raqqa, pourtant assiégée.
Après avoir un temps nié, la coalition a reconnu que 250 djihadistes, tous locaux, avaient profité de cette occasion pour sortir de Raqqa. De nombreuses sources interrogées par les journalistes de la BBC ont pourtant affirmé avoir vu de nombreux djihadistes étrangers dans le convoi, qui s'étalait sur 5 à 7 km, pas précisément discret.
Le Général Gedney déclare ensuite que la coalition «n'a pas l'intention de poursuivre ses opérations sur les territoires contrôlés par le régime syrien». Le militaire oublie de mentionner que la coalition n'a aucune légitimité à agir sur le territoire syrien, ce qu'elle ne se prive pourtant pas de faire à l'occasion.
Il conclut son intervention en expliquant que moins de mille combattants de l'État islamique se trouveraient encore sur place. Alors que le groupe terroriste en comptait, selon les sources, entre 45.000 et 60.000 au plus haut, on peut se demander ce que sont devenus tous ces djihadistes et d'où il tire un chiffre aussi bas. À titre de comparaison, les services de renseignement français évaluent à 700 le nombre de djihadistes français présents dans cette zone.
Enfin, nombre de djihadistes fidèles aux idéaux de Daesh ont fui vers la Libye et l'Afghanistan. Dans les deux cas, ils ont dû franchir des frontières et passer par des territoires alliés des États-Unis, que ce soit la Turquie, la Jordanie ou l'Arabie saoudite.
Qui donc alors est «réticent ou incapable de vaincre Daech» dans les territoires qu'il contrôle, général Gedney?