Syrie: Noël, symbole de la renaissance pour les chrétiens de Maaloula

© Sputnik . Mikhaïl Alaeddine / Accéder à la base multimédiaMaaloula
Maaloula - Sputnik Afrique
S'abonner
Dans la nuit de dimanche à lundi, les chrétiens de Syrie ont célébré la messe de Noël. Un correspondant de Sputnik y a assisté à Maaloula, cette ancienne ville où l’araméen est encore parlé. Des détails, dans son reportage.

Coiffés de bonnets rouges, des enfants syriens sortent du monastère de Sainte Thècle de Maaloula pour répandre la joie et l’esprit de Noël dans les ruelles de cette petite ville syrienne. Pour les étrangers, il est extrêmement difficile d’accéder à cette bourgade. En dépit de la stabilisation de la situation, l’ancienne cité orthodoxe située à 50 km de Damas se trouve encore dans une zone militarisée. Mais en apprenant qu’il s’agit d’une équipe de correspondants russes, l’officier du point de contrôle principal nous donne son feu vert et nous laisse entrer sans qu’on ait une autorisation spéciale.

Maaloula a toujours été célèbre au sein de la communauté chrétienne. Mais ces dernières années, son nom a été surtout connu suite à l’occupation de cette petite ville par des terroristes du Front al-Nosra en 2013, ils ont envahi la commune et pris en otages 12 nonnes du monastère. Les négociations ont duré près de deux mois, pendant cette période les extrémistes ont pillé et détruit les maisons de cette localité et son monastère.

Ce n’est qu’au printemps 2014 que la ville a pu être arrachée aux mains d’al-Nosra. Mais la libération ne s’est avérée qu’une partie du problème. Aussi bien les habitants que la ville elle-même ont changé à jamais.

Réveillon de Noël 2017

Le monastère de Sainte Thècle a été reconstruit. Dans l’église, tel des angelots, des enfants locaux chantent pendant le service en arabe et en araméen. Oui, les habitants de cette petite ville non seulement maîtrisent la langue du Christ, mais continuent à parler l’araméen à la maison. Mais, pour de nombreuses raisons, les anciennes habitudes s’oublient progressivement. La ville semble déserte, jadis peuplée de 20.000 personnes, elle n’a retrouvé qu’un millier d’habitants après sa libération.

«Oui, le monastère renaît, comme Maaloula dans son ensemble et la vie qui, pendant des siècles, battait son plein. Nous avons reconstruit l’église, le lieu qui abrite notre principal sanctuaire. Nous avons réussi à récupérer les cloches qui avaient été volées. La Russie a beaucoup aidé et même aujourd’hui les Russes restaurent pour nous une partie des icônes qui importent beaucoup à nos yeux. Aujourd’hui c’est la fête, mais nous sommes moins nombreux que d’habitude. Beaucoup sont partis», confie le père Elias entouré d’une foule d’enfants désireux d’obtenir leurs cadeaux.

«C’est la première fois depuis six ans que nous célébrons Noël dans notre monastère comme jadis. Le matin, il n’y a que l’office et la distribution des cadeaux. Mais nous tous nous attendons le soir: nous nous réunirons ici à nouveau, chanterons des chansons de Noël, allumerons des bougies et irons nous promener. C’est ma fête préférée», confie Boutros, 15 ans, et ses yeux s’illuminent de joie.

Au cours de ces trois dernières années, le monastère a beaucoup changé – par le bais de contrebandiers libanais, beaucoup de pièces historiques de valeur, dont des icônes, les portes et les cloches, ont été rachetées. Les chrétiens de tous les pays arabes ont fait des dons pour restaurer au moins une partie de cette perle chrétienne.

Rencontre avec Sami

En descendant les marches, on rencontre Sami. Né à Maaloula, il y a passé toute sa vie et n’a pas tardé à y retourner dès que la possibilité lui a été offerte. Peut-être c’est pour cette raison que tout le monde le connaît. Quant à lui, c’est avec une inimitable fierté qu’il nous parle de sa ville natale.

«Les terroristes ont grièvement détruit notre ville. La plupart des habitons ne sont toujours pas rentrés. Nombreux sont ceux qui ont quitté la Syrie. Mes cousins sont aujourd’hui au Canada, un autre est en Bulgarie où il avait fait ses études à l’époque communiste», confie Sami.

Lui, qui n’a pas sa propre famille, vit à Maaloula avec sa sœur et sa mère âgée de 94 ans.

Dans les ruelles étroites de Maaloula, on voit beaucoup de maisonnettes détruites. Une partie d’elles appartiennent à des musulmans qui ont soutenu d’une manière ou d’une autre les extrémistes. Puis, après la défaite de ces dernières, ont dû fuir la ville.

Maaloula: le cœur araméen de la Syrie - Sputnik Afrique
Maaloula: le cœur araméen de la Syrie
Sami nous accueille chez lui, dans sa maison minuscule comme la plupart des logements de ce village, et nous invite à déguster du vin qu’il a produit.

«Cette année, nous ne célébrerons pas Noël dans l’opulence. Un peu de vin, de l’houmous et du taboulé. Nous avons décidé d’aidernos voisins: la semaine dernière ils ont perdu leur chef de famille», nous explique la sœur de Sami.

La famille parle de la ville, des récoltes, des traditions. En fin de soirée, nous faisons nos adieux à Sami et à sa famille. Nous leur souhaitons un joyeux Noël et nous leur faisons de grosses accolades, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Telle est l’hospitalité syrienne que même la guerre est incapable d’éradiquer.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала