Dernière étape de mon périple au Moyen-Orient, la Syrie. Avec le groupe de députés et de représentants d'ONG que j'accompagne, nous traversons la frontière libano-syrienne à contre-courant des dizaines de réfugiés voulant fuir au Liban. En territoire syrien, nous sommes accompagnés par de multiples portraits de Bachar El-Assad, plantés au bord des routes et à chaque point de contrôle.
Arrivé à Maaloula, une heure plus tard. Le soleil est déjà au zénith quand nous sommes reçus par les habitants du village et par le père Toufik. L'église Saint-Georges, dans laquelle il officiait, a été presque complètement détruite en 2013 par des combattants de Daech, Al Nostra et Geych El Islam.
Nous avons écouté les témoignages des habitants, ils m'ont montré des photos de leurs maisons détruites en 2013, les graffiti emplis de haine laissés par les djihadistes: "Nous allons tous vous égorger, sales porcs de chrétiens!" Autant de rappels des heures atroces à jamais gravées dans la mémoire de chacun. Plusieurs habitants ont été torturés, violés ou tués. D'après le père Toufik, il s'agissait bien d'une attaque contre les chrétiens, précisément à cause de leur confession.
L'intérieur de l'église porte encore les stigmates de l'agression des djihadistes: icônes brûlées ou déchirées, le visage des saints lacéré…
En avançant dans le village, nous sommes tombés sur cette maison où les trois martyrs de Maaloula ont été exécutés. Père Toufik nous relate le drame: cette maison a été la première à tomber entre les mains des djihadistes quand ils ont attaqué Maaloula. Ils étaient trois à se cacher a l'intérieur: Sarkis, qui était en deuxième année d'université, Antoine qui était le facteur de Maaloula et Michail, père de trois fils, dont l'un a été kidnappé par Daech. Les trois hommes ont été abattus par les djihadistes.
Ensuite, nous sommes montés sur la colline d'où une vue à couper le souffle s'est offerte à nous. À gauche, un ancien hôtel quatre étoiles, complètement détruit par des combattants de Daech, qui l'utilisaient comme base.
Et à droite ce qui ne pourra jamais être saccagé par les barbares — les montagnes et le vent syrien, qui embrassent les espaces qui ont traversé des siècles de l'histoire.
Les habitants de Maaloula, village martyr, nous donnent une belle leçon de courage. Malgré tout le mal que leurs yeux ont contemplé qu'ils ont ressentis dans leur chair, ils ont trouvé la force de se relever et d'aller de l'avant.
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