Manuel Valls aurait-il tenté de se refaire une virginité en Espagne? L'ancien Premier ministre de François Hollande vit en effet une situation politique particulièrement délicate en France. Considéré comme trop libéral par une frange du Parti socialiste, isolé au sein de La République en Marche, il est globalement mal perçu par l'opinion publique française. Les soupçons de fraude électorale qui pesaient sur lui ont fini d'écorner son image, même si son élection a entre-temps été validée par le Conseil Constitutionnel.
Espagnol, né à Barcelone, «le matador» a choisi de prendre position pour le maintien de la Catalogne au sein de l'Espagne et a activement pris part à la campagne, soutenant le Bloc constitutionnaliste lors des élections du 21 décembre dernier. Les entrepreneurs espagnols et catalans, ceux-là mêmes qui ont déserté la communauté autonome ces derniers mois, ne tarissaient pas d'éloges sur Manuel Valls, lui assurant «un écho important dans les médias», selon Jesus Sainz, secrétaire du Cercle d'Entrepreneurs, cité par La Nación.
S'il est vrai que Manuel Valls est Espagnol et que la voix d'un ancien Premier ministre europhile peut aider à relayer un message de campagne, comme l'a prouvé la poussée du parti de centre droit, dont il était proche au cours de la campagne. Il n'a d'ailleurs pas tardé à féliciter ses «amis de Ciudadanos [arrivés] en tête» de l'élection».
Les partis indépendantistes et certains de leurs candidats, majoritaires lors de la dernière mandature et forts de leur récente victoire, ont quant à eux dénoncé son manque de légitimité.
Dans leur collimateur, son recours régulier à l'article 49.3 de la Constitution, les prolongations à répétition de l'État d'urgence ou sa défense de la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux.
Par ailleurs, Manuel Valls exerce actuellement un mandat de député français. Il est à ce titre censé représenter, défendre et protéger les intérêts de la France. Aujourd'hui, il soutient le camp dit des «constitutionnalistes» et milite pour une Catalogne espagnole et européenne. N'est-ce pas avant tout parce qu'il estime que cela sert les intérêts de la France?