L'UE craint un fort penchant de Vienne du côté du nationalisme (et le programme de la coalition donne des raisons de croire à un tel scénario), écrit mardi 19 décembre le quotidien Izvestia.
La formation d'une coalition réunissant les conservateurs du Parti populaire et le Parti de la liberté d'extrême-droite n'était pas un scoop. Contrairement à l'Allemagne voisine où Angela Merkel a commencé par une coalition et tente désormais de créer une alliance avec un autre mouvement, en Autriche on savait dès le départ qu'il y aurait un tandem entre deux partis de droite. La question portait seulement sur le dénominateur commun de leurs positions sur différentes questions (notamment les impôts) et sur les candidatures des ministres.
L'arrivée de ces deux hommes au pouvoir est une assez bonne nouvelle pour la Russie. Il n'y a pas si longtemps, tous les deux avaient souligné à plusieurs reprises l'inutilité des sanctions contre Moscou et prôné la normalisation des relations avec la Russie. Et dans le programme de coalition, les deux partis se sont dit prêts à faire de Vienne «un pont entre la Russie et l'UE». Mais il convient de garder un optimisme prudent: malgré la disposition positive de Sebastian Kurz et de Heinz-Christian Strache, ils auront les mains liées au niveau européen.
Car l'UE a accueilli avec méfiance le nouveau cabinet autrichien, qui est dirigé par le plus jeune chef de gouvernement de son histoire: Sebastian Kurz, 31 ans. Mais il ne s'agit pas de lui personnellement: Sebastian Kurz est bien connu en UE notamment en tant que chef de diplomatie, et avant cela il avait dirigé le ministère de l'Intégration et de l'Immigration. L'UE a été bouleversée par l'irruption du leader du Parti de la liberté au poste de vice-chancelier, connu pour sa position non seulement anti-migratoire, mais également très eurosceptique.
Toutefois, durant les deux mois de négociations de coalition, Heinz-Christian Strache est revenu sur sa position en ce qui concerne l'avenir de l'UE. Ce week-end, alors qu'il se tenait à côté de Sebastian Kurz, il a exprimé son attachement aux valeurs européennes, même si précédemment avec son parti il n'avait pas exclu un référendum sur la sortie de l'Autriche de l'UE. A présent, sous la pression de ses partenaires supérieurs, le Parti de la liberté a accepté de ne pas du tout soulever la question d'un référendum autrichien sur le modèle du Brexit.
Dans le domaine de la politique étrangère, la nouvelle coalition a clairement défini sa ligne visant à empêcher l'adhésion de la Turquie à l'UE, promettant d'unir ses efforts avec d'autres pays membres — ce qui a déjà suscité les protestations d'Ankara.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.