Comment Daech utilise du sucre français? (Ce n’est pas pour faire des bonbons)

S'abonner
Du sorbitol produit en France a été découvert dans des stocks du groupe terroriste Daech en Irak. Une enquête du Journal du Dimanche a permis de remonter la filière de ce substitut du sucre que les djihadistes utilisent à leurs fins.

Les terroristes de Daech se procureraient du sorbitol, un dérivé de sucre, fabriqué en France pour réaliser des propulseurs pour leurs roquettes, a révélé le Journal du Dimanche (JDD).

​​En temps de paix, le sorbitol, extrait de l'amidon de blé, sert à fabriquer du dentifrice et du chewing-gum. Mais une fois mélangés à du nitrate de potassium, ses cristaux peuvent devenir un carburant pour les fusées, missiles et roquettes. Les roquettes artisanales propulsées grâce au sorbitol sont surnommées «candy rockets».

drapeau de l'État Islamique - Sputnik Afrique
Entre catapultes et mortiers artisanaux: les armes bricolées des rebelles syriens
D’après l’agence Conflict Armament Research (CAR) chargée par l'Union européenne de répertorier les armes de Daech, 78 tonnes de sorbitol ont été découvertes dans un dépôt de munitions des terroristes en Irak. L’agence a notamment annoncé avoir trouvé des sacs de sorbitol en novembre 2016, près de Mossoul et en septembre dernier à Tall Afar, près de la frontière syrienne. Les sacs portaient des logos de Tereos, troisième groupe industriel du sucre au monde et N°1 en France. L’agence CAR avait publié un rapport en décembre 2016 avec des photographies de ces caches.

Ce sorbitol proviendrait d’un site de production situé en Picardie.

«Les sacs saisis en Irak ont bien été produits dans une de nos usines, et vendus à un de nos clients historiques en Turquie. Nous n'aurions pas pu imaginer qu'un produit aussi courant, utilisé pour fabriquer des chewing-gums ou du dentifrice, aurait fini dans cette région pour être utilisé par Daech», a déclaré Gérard Benedetti, directeur de la communication de Tereos cité par le Journal du Dimanche.

​Selon l’enquête de l’hebdomadaire qui a traqué les numéros des sacs, deux lots de sorbitol (30 et 48 tonnes), sont passés par Anvers, en Belgique, et la Turquie avant d’atteindre la Syrie via le poste-frontière d’Oncupinar en septembre et décembre 2015 sans éveiller de soupçons. Le substitut de sucre ne figure pas parmi les produits sous embargo.

Le sorbitol a été réceptionné par un commerçant syrien d'Al-Bab, près d’Alep, qui se trouvait à l’époque sous le contrôle de Daech. Il ne restait plus alors qu'à acheminer le glucide vers les lieux de production des roquettes.

Cette enquête du JDD confirme que Daech est parvenu à mettre en place une stratégie efficace d'approvisionnement à travers le monde en utilisant plutôt les voies de transport de marchandises traditionnelles au lieu de créer des filières clandestines qui attirerait l’attention des services de renseignement.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала