Bouteille de gaz
Les munitions sont tirées à partir d'un mortier improvisé constitué d'un tuyau d'acier de grand diamètre soudé à une extrémité et attaché à un pilier d'acier.
La construction peut être installée sur un châssis et avant le tir, le mortier est entouré de pierres pour une meilleure stabilité. La charge de poudre est allumée comme dans les anciennes pièces d'artillerie grâce à une mèche dans la partie arrière du canon. La portée du tir dépend de la solidité du tuyau et du nombre de sachets de poudre artisanale placés dans le canon. On dit qu'une telle bouteille est capable de parcourir une distance de 3 km dans les airs. Ces pièce sont manipulée par plusieurs personnes car il n'est pas facile de porter des bombes artisanales et de les charger dans le canon.
Sur certaines versions, la munition n'est pas placée dans le canon mais est installée à son extrémité, comme sur les lance-bombes de la Première guerre mondiale.
Aujourd'hui, les rebelles et les terroristes fabriquent également des lance-roquettes multiples à partir de mortiers artisanaux : un bloc de plusieurs tubes d'acier est soudé à la base de la pelle d'un bulldozer. Un tel automoteur peut tirer rapidement sur l'ennemi tout en changeant rapidement de position.
Catapultes et autres grandes frondes avec des harnais en caoutchouc sont encore plus simples et moins coûteuses — des grenades à main ou des explosifs artisanaux font alors office de munitions. L'arme est facile à monter et à déplacer, ce qui la rend commode dans les combats de rue.
Les arbalètes lourdes pour lancer des grenades étaient aussi activement utilisées par les Français pendant la Première Guerre mondiale.
Une catapulte tractée par une camionnette — et qui fait penser à un trébuchet — est utilisée par l'opposition syrienne dans les combats de rue pour lancer des bombes artisanales.
Les voitures-mitrailleuses
L'image d'un pick-up avec une grande mitrailleuse ou une arme légère est devenue le symbole des conflits au Moyen-Orient depuis la guerre en Afghanistan. Les extrémistes préfèrent les tout-terrains japonais Toyota, très fiables, sur lesquels on installe des systèmes soviétiques qui le sont tout autant — DShK, les canons antiaériens ZPU-1 et ZPU-4, voire ZU-23-2. Selon le Pentagone, les Américains ont livré à l'opposition syrienne plusieurs milliers de pick-ups Toyota HiLux et Land Rover Defender.
Selon la presse, pour faire face à ces pick-ups des extrémistes, Moscou a fourni à Damas des pick-ups russes UAZ Patriot, sur le châssis desquels on installe des mitrailleuses de 12,7 mm Kord et des lance-roquettes automatiques AGS-17. Si besoin, les Patriot peuvent être équipés de missiles antichars Konkours ou Kornet d'une portée de 5 km ou d'un obusier de 120 mm de 9 km de portée.
Tout ce qui roule…
Des blindés improvisés, des chenillettes et des bulldozers blindés à partir de tracteurs, de bus, de camions et de voitures ont été utilisés pour la première fois en masse pendant la guerre civile en Espagne (1936-1939). C'est ainsi que les républicains tentaient de compenser leur manque de matériel blindé. Ils ont même inventé un terme spécifique pour ces véhicules artisanaux, « los tiznaos », et certains modèles étaient produits en petite série dans les usines de Barcelone et de Bilbao.
Depuis, ces inventions blindées passent d'une guerre civile à l'autre. Les héros de Mad Max envieraient certainement le design des tiznaos contemporains. Les blindés artisanaux sont utilisés aujourd'hui par tous les belligérants du conflit syrien, en Irak, par les hommes de Donetsk et par les forces armées ukrainiennes.
Les troupes armées de l'organisation chiite Badra utilisent comme véhicule d'attaque un mélange de char et de canon antiaérien: une tourelle de char soviétique T-55 est installée sur le châssis à quatre roues d'un système antiaérien. A en juger par les vidéos, avant le tir, il vaut mieux se tenir le plus loin possible du véhicule…
Le missile arabe vise le zénith
Les lance-roquettes artisanaux sont une arme bien maîtrisée par les rebelles palestiniens, qui sont en guerre permanente contre Israël. On estime que le premier missile Qassam sol-sol a été lancé pendant la seconde Intifada à l'automne 2001. Le Qassam est fabriqué à partir d'un tube d'environ un mètre dans lequel on place plusieurs kilogrammes d'explosifs. Dans la partie arrière, on installe un moteur à combustible solide alimenté par un mélange de sucre et de nitrate de potassium.
Parfois, les lancements sont effectués grâce à des dispositifs originaux comme ce camion-poubelle transformé en lance-roquettes multiple saisi en 2010 par l'armée israélienne dans la bande de Gaza.
L'expérience des « ingénieurs » palestiniens est reprise par les constructeurs des groupes militarisés en Syrie et en Irak, sauf qu'ils ne se limitent plus aux petits calibres: on relate que le groupe chiite Kataeb Hezbollah a utilisé des sortes de missiles tactiques artisanaux dans les combats près d'Alep, probablement propulsés par des lanceurs d'anciens missiles soviétiques sol-air S-75 ou leurs copies chinoises.
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