La particularité du mensonge quand il émane des «puissants de ce monde» est que celui qui a été trompé s'avère finalement incapable d'en faire quoi que ce soit, a indiqué à Sputnik Momir Bulatovic, se demandant combien de fois des politiciens occidentaux avaient réussi à induire en erreur leurs collègues serbes.
«Les États-Unis et la France avaient garanti à l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, qu'il ne serait pas traduit en justice si les pilotes français ayant participé, du côté de l'Otan, aux bombardements des positions serbes étaient relâchés. […] Sains et saufs, les pilotes avaient été remis en liberté, alors que Mladic a récemment été condamné à la réclusion à perpétuité par le Tribunal de La Haye», a rappelé l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic avait été trompé lui aussi.
«Richard Holbrooke, envoyé spécial du Président américain de l'époque, lui avait promis, en présence de témoins, qu'il ne serait pas jugé s'il démissionnait du poste de Président et permettait ainsi à la délégation yougoslave de mener des négociations à Dayton. […] L'Américain en a même donné, bien qu'à contrecœur, une garantie écrite», a poursuivi M.Bulatovic.
Et de constater que le Tribunal de La Haye n'en avait pas tenu compte, en condamnant à 40 ans de prison un homme de 70 ans, y compris pour le génocide à Srebrenica.
«L'ancien Président yougoslave Slobodan Milosevic, avec qui j'ai eu l'honneur de coopérer le plus étroitement durant des années, avait même deviné parfois qu'il serait finalement trompé, mais n'avait d'autre issue que d'accepter ce qu'on lui proposait», a raconté l'interlocuteur de Sputnik.
Le Président français de l'époque François Mitterrand avait notamment demandé à Milosevic d'accepter la nomination de Robert Badinter, ancien magistrat de la Cour constitutionnelle, au poste de chef de la commission juridique dans le cadre de la Conférence européenne pour la paix en Yougoslavie. Il s'agissait de la Commission d'arbitrage pour la paix en Yougoslavie, communément appelée Commission Badinter.
«Le dirigeant français aurait garanti que Badinter ne porterait aucun verdict contraire aux intérêts serbes. J'ai signalé à Milosevic les risques qu'il courait. […] Milosevic m'a répondu: "Je sais, mais comment dire au Président français que je ne le crois pas". Mitterrand l'avait finalement trompé, parce que son ami Badinter a statué que la Yougoslavie était en train de se désagréger d'elle-même, verdict contraire au droit», s'est souvenu M.Bulatovic.
Ce ne sont d'ailleurs que quelques exemples des mensonges utilisés par des politiciens occidentaux afin d'induire en erreur leurs collègues serbes.