Lors de sa campagne présidentielle, Donald Trump avait promis d'améliorer les relations avec Israël, a rappelé à Sputnik Temel Karamollaoğlu, président du parti islamique traditionnel Saadet, qui n'est pas représenté au parlement.
«Je suis persuadé que Trump veut gagner le soutien du lobby sioniste, mais c'est une grosse erreur de sa part. Cette démarche n'apportera aucun avantage aux États-Unis. On observe à présent un puissant regain d'antiaméricanisme dans le monde», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Selon ce dernier, la stratégie politique extérieure américaine qui s'inspire de la volonté de satisfaire leurs propres intérêts au mépris de ceux du reste du monde mine la crédibilité des États-Unis.
«Tout indique que Washington ne se rend tout simplement pas compte qu'agir ainsi signifiait se tirer une balle dans le pied», a résumé l'homme politique.
Une autre interlocutrice de Sputnik, Oya Akgönenç Muğisuddin, ancienne députée du parlement turc, a relevé pour sa part que Donald Trump avait fait cette démarche alors que ses positions à l'intérieur même des États-Unis s'étaient extrêmement affaiblies.
«Cette initiative est adressée avant tout à l'électorat juif américain et vise à détourner l'attention de l'opinion mondiale des échecs essuyés par Washington en Syrie et en Irak. Quoi qu'il en soit, la décision de Trump sur Jérusalem engendra une multitude de problèmes et fera l'effet d'une bombe au Proche-Orient», a prévenu Mme Muğisuddin.
Et de conclure que cette démarche du Président américain était très dangereuse et absolument inopportune.
De son côté, Bora Bayraktar, spécialiste des problèmes du Proche-Orient, a signalé à Sputnik que, vu l'extrême sensibilité du problème du statut de Jérusalem et du problème palestinien en général, cette initiative américaine pourrait provoquer un sérieux regain d'instabilité dans la région.
Selon ce dernier, on peut s'attendre à des manifestations massives des musulmans, à l'affaiblissement du bloc États-Unis-golfe Persique, au renforcement de la coopération entre l'Iran et la Turquie, ainsi qu'à l'aggravation de la crise dans les relations turco-américaines jusqu'à leur rupture et à la suspension du processus de normalisation entre la Turquie et Israël.
«Les pays du Golfe ne resteraient pas eux non plus indifférents face à la situation autour de Jérusalem. Sous la pression "d'en bas" provoquée par l'indignation de l'opinion, les autorités de ces pays seraient tout simplement contraintes de réagir d'une manière ou d'une autre à la démarche des États-Unis. Aussi, la rupture entre le bloc américano-israélien et les pays du Golfe n'est-elle pas à exclure. Qui plus est, l'union Ankara-Téhéran est envisageable face à la situation autour de Jérusalem qui inciterait d'autres pays de la région à coopérer», a averti M.Bayraktar.