Les États-Unis souhaitent que les relations turco-iraniennes et turco-russes se dégradent. Ils s'appliquent en outre à empêcher l'ultérieure coopération de ces pays avec les autorités syriennes, a déclaré à Sputnik Ismail Hakki Pekin, ancien chef du département du renseignement de l'état-major turc.
«La stratégie américaine au Proche-Orient a pour objectif essentiel de ruiner les relations d'Ankara avec l'Iran et la Russie, tout en empêchant l'ultérieure coopération de ces forces avec les autorités syriennes. Tel est le plan des États-Unis à l'égard de la Turquie», a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'expliquer que malgré le fait qu'Ankara était depuis de longues années un allié des États-Unis au sein de l'Otan, les Américains soutenaient les forces représentant une menace pour la Turquie, que ce soit dans le nord de l'Irak ou dans le nord de la Syrie.
«Tout porte à croire que les États-Unis envisagent de créer dans le nord de la Syrie, sur le territoire s'étendant de l'Euphrate à Deir ez-Zor, une structure d'État fédérale. Ensuite, en mettant à la table des négociations le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK, considéré comme terroriste par Ankara, ndlr] et la Turquie, les Américains veulent obtenir pour le PKK des privilèges en Turquie, en canalisant ainsi le processus de règlement kurde dans un cadre politique», a estimé M.Pekin.
Et de résumer que les États-Unis s'appliquaient à obtenir la création d'une région autonome du PKK et d'une structure fédérale du Parti de l'union démocratique (PYD) dans le nord de la Syrie.
«Pour le faire, les Américains font pression sur la Turquie, que ce soit par des leviers économiques ou par des livraisons d'armes aux milices kurdes. L'objectif en est de contraindre la Turquie à faire ce que veulent les États-Unis. Et ils veulent justement l'affaiblissement du contrôle turc en Méditerranée orientale, le retrait de l'armée turque de Chypre et le concours d'Ankara pour contenir la Russie dans les régions des mers Noire et Caspienne. Washington veut aussi le concours de la Turquie pour encercler l'Iran», a poursuivi l'interlocuteur de Sputnik.
Évoquant les armes livrées par les Américains aux milices kurdes dans le nord de la Syrie, l'expert a relevé que les États-Unis y créaient une armée.
«Ils peuvent essayer d'utiliser les milices kurdes en tant qu'instrument de lutte contre les autorités syriennes, contre la Turquie et contre l'Iran, tout en lui barrant la sortie vers la Méditerranée», a conclu M.Pekin.