Le fait que l'argent des contribuables britanniques finance les terroristes en Syrie n'a rien d'étonnant en soi, a déclaré à Sputnik Loretta Napoleoni, qui avait prouvé dans son récent ouvrage «Marchands d'humains» que la politique occidentale adoptée après le 11 septembre 2001 avait déclenché une croissance vertigineuse de la traite des personnes.
«Cela se produit en permanence. Il est impossible de contrôler la répartition des fonds dès qu'ils trouvent leur destinataire et d'autant plus dans un pays tel que la Syrie. L'Onu reconnaît que jusqu'à 35% de l'assistance qu'elle débloque tombent entre les mains des formations paramilitaires», a indiqué l'interlocutrice de l'agence.
Et d'ajouter que pas un seul pays ne pouvait envoyer de l'argent avec la certitude à 100% qu'une partie de cette somme ne soit pas détournée au final.
«Néanmoins, un Occidental moyen serait plutôt choqué par une telle information. Il pense sans doute que le gouvernement soutient de bons gars, mais il n'y a pas en réalité de bons gars qu'on puisse soutenir. Si une organisation armée promet de combattre Daech, cela ne fait pas automatiquement d'elle une armée à part entière. Ce n'est qu'une formation illégale», a poursuivi Mme Napoleoni.
Et d'expliquer que l'Occident menait des guerres par procuration pour ne pas envoyer ses propres soldats.
«Une telle approche est payée par le manque de contrôle sur la répartition de l'argent du moment qu'on est absent sur le terrain. […] En Syrie, par exemple, nous ne savons pas du tout où est allé l'argent envoyé aux Kurdes», a précisé la spécialiste.
Elle a par ailleurs critiqué la couverture de la crise syrienne par les médias.
«Il est pratiquement impossible d'envoyer des reporters dans le pays, et les médias se réfèrent en règle générale aux habitants locaux qui peuvent dire des choses qui ne correspondent tout simplement pas à la réalité. Il peut s'agir d'une diffusion préméditée de propagande ou de fausses informations colportées», a noté l'interlocutrice de Sputnik.
Quant à un retour éventuel de Daech en Syrie, elle a estimé que cela ne pourrait pas arriver à présent, tant que la Russie était encore impliquée, et que le gouvernement du Président syrien Bachar el-Assad avait repris le contrôle du pays.
«Quoi qu'il en soit, cela ne signifie pas que tout ce qui s'est produit auparavant ne se répètera pas un jour. Cet argent pourrait d'une manière ou d'une autre financer une prochaine insurrection, le retour du califat, ce qui est plutôt triste», a conclu Mme Napoleoni.